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Comment le fonds Truffle Capital déniche et finance les révolutions médicales et financières de demain

Spécialisé dans l'innovation, le fonds investit directement dans les universités pour repérer les pépites de la medtech et de la fintech. Avec un certain succès…

Des mini-robots à guidage magnétique, capables d'aller d'atteindre une lésion cérébrale après un AVC… De la science-fiction? C'est pourtant bien l'objet d'une start-up, baptisée ArteDrone, créée de toute pièce par le fonds d'investissement Truffle Capital.

Cofondé par le docteur Philipe Pouletty, spécialisé en immunologie et virologie, Truffle Capital n'a pourtant pas d'argent à perdre. En revanche, l'entreprise française aime le risque et vient encore d'annoncer une levée de fonds de 390 millions d'euros "pour créer 20 à 30 entreprises en bio/medtech et en fintech" explique Philippe Pouletty, directeur général, invité ce mercredi sur le plateau de Good Morning Business.

Et Truffle Capital n'hésite pas à prendre les choses en main. "La plupart des investisseurs aiment investir dans les sociétés existantes, nous, nous considérons qu'il y a une richesse fantastique de sciences, de technologies dans les 50 meilleures universités mondiales, beaucoup aux Etats-Unis" mais aussi en Europe, comme "au CNRS ou à l'Institut Pasteur", explique Philippe Pouletty.

"Et à partir des demandes de brevets - on en regarde à peu près 1000 par an - on va sélectionner un tout petit nombre d'inventions disruptives qui peuvent révolutionner la médecine" poursuit l'investisseur. "On décide de négocier une licence exclusive et mondiale avec l'université. On invente le nom de l'entreprise, on recrute le directeur général, on crée des collaborations de recherches avec les laboratoires (…) et puis on essaie de faire que le produit révolutionnaire aboutisse sur le marché en quelques années."

Et les résultats sont là. Le cœur artificiel de Carmat? C'est Truffle. "Beaucoup de gens disaient et disent encore : 'mais c'est trop risqué Carmat'. Ce qu'il faut comprendre, c'est que plus l'innovation est forte pour nous, plus le risque est faible" assure Philipe Pouletty. "Parce que si vous révolutionnez la médecine ou les fintech, si vous arrivez à passer la phase de R&D, vous allez avoir un produit qui va avoir un prix élevé, qui va prendre 30% du marché mondial."

Des pépites... et des échecs

Autre exemple? Abivax, qui enchaîne les essais cliniques pour un traitement potentiel dans la rectocolite hémorragique, une maladie inflammatoire chronique de l'intestin. L'entreprise a été introduite sur Euronext en 2015 et vaut désormais 211 millions d’euros. "On a encore 46% du capital" se réjouit Philipe Pouletty. De la même façon, Symetis, spécialisée dans les valves cardiaques, a été vendue à Boston Scientific en 2017 pour 457 millions de dollars.

Evidemment, tout ne fonctionne pas. "Bien sûr, on a des échecs" reconnait le cofondateur. "En général, les échecs sont assez précoces dans la vie des entreprises : la première, la deuxième année. Quand on estime que la R&D ne va pas avancer, il faut savoir s'arrêter" d'autant plus que "la mise de fonds n'a pas encore été très importante".

L'autre soucis, c'est le fameux "scale-up", l'impulsion pour faire passer un cap aux jeunes pousses. Et les aides de l'Etat à la French tech n'y changeront pas grand-chose, souligne Philipe Pouletty. "A chaque fois, on fait un bon diagnostic (…) et le traitement n'est pas à la mesure de la maladie. Ce n'est pas un petit coup de 5 milliards d'euros des assureurs qu'il faut pour alimenter Euronext" explique-t-il.

Ce qui fait le succès des start-up américaines, ce sont les flux financiers pour accompagner leur croissance qui sont "quasi-illimités". Une solution serait ainsi de "mieux canaliser" l'épargne des Français pour investir dans les start-up et surtout de créer un "statut de la jeune entreprise hautement innovante" avec une exonération de chargés patronales et d'impôts sur les sociétés. La clé du succès, pour Truffle.

Thomas Leroy