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En Europe, "nous sommes compétitifs sur les micro-satellites" face aux lanceurs américains

Invité de BFM Business, le président du CNES Jean-Yves Le Gall a confirmé le report à samedi du lancement de 53 petits satellites de communication et d'observation, initialement prévu ce jeudi. Il a par ailleurs réaffirmé la compétitivité de l'Europe dans le secteur spatial.

Partie remise. Initialement programmé le 18 mars et reporté au jeudi 18 juin (à 22h51 heure de Kourou, soit 3h51 vendredi matin heure de Paris) en raison de la crise sanitaire, le lancement de la fusée européenne est finalement repoussé de 48 heures en raison de mauvaises conditions météorologiques. Après son accident survenu en juillet 2019, Vega va donc devoir patienter quelques jours de plus avant d'effectuer son grand retour en vol.

"On devait lancer ce soir mais il y a du vent (en altitude au-dessus du Centre spatial guyanais, NDLR) et les lanceurs n’aiment pas ça. Donc on a décidé de repousser de 48 heures", a confirmé le président du Centre national d'études spatiales (CNES) Jean-Yves Le Gall, qui était invité ce jeudi sur Business.

"Nous sommes compétitifs"

Le patron de l'établissement chargé d'élaborer le programme spatial français -et qui est par ailleurs le plus gros contributeur de l'Agence spatiale européenne (ASE)- a ensuite tenu à réaffirmer la compétitivité de cette dernière face aux lanceurs américains "qui lancent aussi des grappes de satellite". Pour rappel, la mission "VV16" pour Arianespace est inédite pour les Européens car ils effectueront leur premier lancement partagé, en plaçant en orbite basse 53 satellites. Une "grappe" constituée de sept petits satellites (pesant entre 15 et 150 kilos), ainsi que de 46 nano-satellites, allant de 300 grammes à 11 kilos, dont les applications vont de la communication à l'observation de la Terre, en passant par la recherche scientifique.

"Nous sommes compétitifs sur les micro-satellites" précise Jean-Yves Le Gall". "Sur les micros-lanceurs, il y a une sorte de plancher, un coût fixe en deçà duquel on ne peut pas descendre. Alors que quand on met plusieurs satellites sur un lanceur de taille moyenne comme Vega, les coûts sont plus faibles" développe-t-il. Avant de faire la comparaison avec un passager qui aurait le choix entre un vol régulier et un vol d'affaires, le premier étant logiquement moins cher que le second.

Si les concurrents -notamment américains- sont "subventionnés", il estime que les 21 clients de 13 pays différents sont "la meilleure preuve de la compétitivité" du programme européen.

Jean-Yves Le Gall estime par ailleurs qu'il "ne faut pas être jaloux" des vols habités réussis par des opérateurs privés comme SpaceX. "Il faut reconnaître les avancées technologiques mais il faut aussi être conscient du contexte. L’Agence spatiale européenne, c'est un budget de 5 à 6 milliards par an, la NASA c’est 25 milliards, plus tout ce que le gouvernement américain met sur le programme spatial de défense, qui bénéfice aussi au programme civil. Donc c’est normal que les Etats-Unis en fassent plus que nous".

QS