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Face aux Américains et aux Chinois, "il faut investir plus" dans la tech estime Cédric O

Invité dans Good Morning Business, Cédric O, le secrétaire d’Etat chargé du Numérique, est revenu sur les très bons chiffres du e-commerce tricolore. L'occasion pour lui de les saluer mais de demeurer prudent face à l'appétit grandissant des investisseurs étrangers pour la tech tricolore.

Les chiffres du commerce en ligne en France ne sont pas bons… Ils sont excellents. Selon la Fevad (la Fédération du e-commerce et de la vente à distance) - qui publie ses chiffres ce mercredi - le secteur a franchi la barre symbolique des 100 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2019. Une nouvelle dont le secrétaire d’Etat chargé du Numérique Cédric O se réjouit et qui atteste, selon lui, du fait qu'au-delà de l'expertise tricolore en la matière, les moyens déployés par l'Etat ces dernières années pour servir les entreprises de la tech portent leurs fruits.

Invité sur BFM Business ce mercredi, le secrétaire d’Etat chargé du Numérique confirme une belle dynamique pour ce début d'année. Pour le seul mois de janvier 2020, la French Tech a levé pas moins de 860 millions de dollars (soit 780 millions d'euros). Du jamais-vu.

"C'est effectivement un mois de janvier exceptionnel. Je pense que c'est le meilleur mois de l'histoire de la French tech. 860 millions (…) de dollars levés selon Crunchbase. Et c'est d'autant plus intéressant que cela vient sur une année 2019 qui avait déjà été historique puisque 5 milliards (d'euros) ont été levés par les start-up françaises. Ce qui est aussi intéressant, c'est que l'on voit qu'il y a plus de quatre levées de plus de 100 millions d'euros. Et donc on voit (…) la maturité de l'écosystème. De plus en plus d'emplois qui sont créés. Ce ne sont plus que des start-up. Ça devient des vraies ETI (entreprises de taille intermédiaire, NDLR) du numérique. Et donc, il faut s'en réjouir. Ça veut dire que cet écosystème se structure. Et c'est extrêmement important pour les emplois en France et puis pour notre souveraineté technologique", souligne Cédric O.

"Le rôle de l'Etat, c'est de créer les conditions fiscales, les conditions en termes de recrutements, les conditions en termes de marché du travail. On a une super dynamique", poursuit-il.

Les investisseurs étrangers friands de tech française

Mais le secrétaire d’Etat estime qu'il convient de préserver cette expertise tricolore pour servir son essor. D'autant que, compte tenu des bons résultats du secteur, il aiguise de plus en plus l'appétit des investisseurs étrangers. A commencer par les fonds anglo-saxons et les fonds chinois. La néobanque Qonto par exemple vient de lever des fonds auprès du chinois Tencent, la maison-mère de WeChat. 

"Je pense que, en règle générale, encore une fois, un écosystème pour être plus fort doit être plus international. Il y a certaines technologies critiques, ou certains domaines où on doit faire un peu plus attention parce qu'il y a des questions de souveraineté, parce qu'il y a des questions de supériorité technologique. Dans ces cas-là, on fait attention. Il faut le faire au cas par cas", explique Cédric O.

Enfin, sur le volet européen, le secrétaire d’Etat estime que, "pour la première fois, l'Europe a compris qu'elle doit se penser comme une puissance, notamment dans la compétition entre les Américains et les Chinois. Et ce qui est très clair – et Margrethe Vestager (vice-présidente de la Commission européenne, NDLR) et Thierry Breton (commissaire européen au marché intérieur, NDLR) ont été très clairs sur ce sujet – c'est que le numérique est un élément essentiel de cette compétitivité. C'est-à-dire qu'il faut investir plus, notamment dans certaines technologies, intelligence artificielle, calculs quantiques… Pour être au niveau de la compétition avec les Américains et les Chinois. C'est vraiment très nouveau dans le 'body-language' de la Commission européenne".

Et de conclure: "Maintenant, il faut que les déclarations se traduisent en actes. Je pense qu'on est sur le bon chemin. Il y a d'autres projets qui sont sur la table, sur la régulation du numérique, sur les questions d'antitrust, sur la question des régulations de contenus. Bref, on voit qu'on est dans un moment extrêmement important pour l'Europe".

JCH