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Free: une nouvelle box pour séduire les oubliés du très haut débit et doper ses revenus

Un site mobile 4G en montagne.

Un site mobile 4G en montagne. - 01net.com

Commercialement à la peine en France, la filiale française d'Iliad va tenter d’attirer de nouveaux abonnés avec ce boîtier qui utilise son réseau 4G+. Free arrive néanmoins en retard et avec une couverture encore parcellaire.

On le sait, Free est en pleine opération de reconquête, en pleine transformation. Il faut dire que son modèle low cost montre depuis plus d’un an des signes de faiblesse. L’opérateur n’a cessé de perdre des abonnés autant dans le mobile que dans le fixe : 300.000 clients l’ont ainsi quitté entre le premier semestre 2018 et le premier semestre 2019. De quoi angoisser les investisseurs : l’action de sa maison mère est passée de 120 à 82 euros depuis le début de l’année, après avoir déjà perdu 38% en 2018.

Free a lancé un plan de transformation qui doit s’achever en 2024 avec pour ambition, la montée en gamme. Dans le fixe, l’opérateur mise sur son offre premium Delta tandis que dans le mobile, tout est fait pour pousser le forfait à 19,90 euros par mois plutôt que l’offre d’entrée de gamme à 2 euros. La progression de 8% des revenus au 1er semestre avec une hausse de 0,7% du chiffre d'affaires en France semble accréditer cette transformation.

"C’était inscrit dans leur stratégie dès le début", insiste Henri Tcheng, Partner au cabinet BearingPoint. "Free n’a jamais caché sa stratégie de conquête dans un premier temps, suivie par une quête de valeur. Ils ne font qu’appliquer ce qu’ils ont toujours dit".

Capacités excédentaires

Aujourd’hui, le groupe de Xavier Niel intensifie ce mouvement avec le lancement d’une nouvelle box qui utilise les capacités excédentaires de son réseau mobile 4G/4G+.

"Cette nouvelle Box permet de se connecter à Internet en très haut débit et en toute facilité pour les abonnés qui ne disposent pas d’une connexion filaire avec un débit suffisant mais qui reçoivent la 4G+", peut-on lire dans un communiqué.

Une nouvelle fois, le tropisme low cost est mis aux oubliettes puisque l’offre est facturée 29,99 euros par mois, sans engagement, satisfait ou remboursé. 

L’objectif est bien de séduire et convaincre une nouvelle clientèle, les -encore nombreux- oubliés du haut et du très haut débit en France, ceux qui subissent une connexion famélique voire pas de connexion du tout. L’idée a du sens, d’autant plus que la couverture 4G avance à grands pas. Tout comme les frustrations de habitants des zones grises et blanches, dont certaines ne sont pas prêtes d’être fibrées.

Pour autant, Free prend le train un peu tard. Ses trois concurrents que sont Bouygues Telecom, Orange et SFR ont déjà lancé des box 4G et ce depuis plus d'un an. Mais elles sont plus chères que Free: celle de SFR est proposée à 35 euros par mois, elle est facturée 32,99 euros chez Bouygues Telecom pendant un an (puis 42,99 euros) et 36,99 euros chez Orange. 

Une vitesse toute théorique

Surtout, l’opérateur ne dispose pas de la même couverture territoriale que ses concurrents. S’il affirme couvrir 93% de la population, il s’agit essentiellement d’une couverture urbaine ou péri-urbaine. Là où les connexions filaires sont plutôt satisfaisantes en fait…

Traduction : là où le besoin de connectivité est le plus important, dans les zones rurales notamment, Free n’est pas toujours présent. Selon les derniers chiffres publiés par l’Arcep (septembre 2018), le régulateur des télécoms, sa couverture du territoire en 4G est de seulement 71% alors qu’elle atteint 83% chez Bouygues Telecom et SFR, et 86% chez Orange.

Bien sûr, Free intensifie ses déploiements et souligne qu’il "poursuit l’extension de son réseau sur tout le territoire (…) pour offrir le meilleur débit au plus grand nombre".

L’éligibilité à cette offre risque donc d’être assez limitée. Difficile donc pour Free de générer d’importants volumes pour son activité ‘fixe’. La filiale d’Iliad préfère donc communiquer sur les débits maximums offerts par sa box, "la plus rapide", affirme Free avec 320 Mb/s quand la concurrence tourne autour de 220 Mb/s.

Mais là encore, on joue avec les mots. Il s’agit d’un débit maximum théorique qui sera rarement atteint en usage et qui dépend considérablement de la zone où on habite. D'autant plus que la bande passante de ces box 4G est mutualisée entre les utilisateurs…

Des biais qui poussent d’ailleurs le régulateur à ne pas considérer ces offres comme pérennes. "Il faut être clair dès le départ pour ne pas générer de déceptions, on parle bien de technologie hertzienne", explique Sébastien Soriano, président de l'Arcep.

L'autorité française de régulation du secteur télécom préconise plutôt les offres de 4G fixe, avec réseaux et sites dédiés et proposées par des acteurs comme Ozone ou encore WeAccess et qui commencent doucement à se développer. La solution est d’ailleurs poussée par le gouvernement qui part du principe qu'une France fibrée à 100% en 2022 est un horizon impossible à atteindre, et qu’il faudra des technologies d’accès alternatives (4G fixe et satellite).

Olivier Chicheportiche