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Freebox v7 : fin octobre et toujours rien...

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L’opérateur avait promis de dévoiler ses nouvelles box durant le mois d’octobre. Mais les annonces se font attendre alors que le cours de bourse d’Iliad a perdu quasiment la moitié de sa valeur en un an. Le moment d’en acheter ?

Que se passe-t-il au 16 rue de la Ville l’Evêque à Paris, siège d’Iliad, dans l’espace ultra-sécurisé dédié à la nouvelle Freebox de l’opérateur ?

Rappelons que début septembre, Thomas Reynaud, directeur général le promettait la main sur le coeur : la Freebox v7 sera lancée "dans les prochaines semaines", une promesse visant à rassurer les observateurs et les investisseurs au moment où l'opérateur traverse une mauvaise passe aussi bien dans le fixe que dans le mobile.

Quelques semaines plus tôt, Xavier Niel, fondateur du groupe, confirmait que la nouvelle box était en production et que la date de sa présentation « à la rentrée était fixée ». Plus récemment, le réveil du fameux compte Twitter @mamieducantal avec des messages cryptiques faisant croire à un lancement proche, faisait exploser le buzz.

Etant donné que ce compte n’a vraisemblablement rien à voir avec Iliad (contrairement à ce que beaucoup pensent), rien ne prouve pour le moment que « la fusée est sur le pas de tir », pour reprendre la sémantique chère au groupe.

Car depuis le 4 septembre, c’est le silence radio total, aucune date, aucune info n’a été communiquée même si certaines sources émettent une hypothèse de sortie en novembre. Difficile de croire que Iliad planche encore sur des bugs ou des améliorations étant donné que la production est en cours dixit Xavier Niel himself.

Pendant ce temps, les investisseurs s’impatientent. L’action Iliad est ainsi passée de 210 euros le 23 octobre 2017 à 108 euros, un an plus tard. Un sacré gadin qui s’explique par un essoufflement de son modèle économique désormais copié à l’envi par ses concurrents. Parfois en mieux.

Au premier semestre, rappelons que l’opérateur a perdu 70 000 clients dans le mobile, une première historique, et 47 000 dans le fixe contre un gain d'un million de clients dans le mobile et plus de 200 000 dans le fixe, un an plus tôt.

La domotique : un argument suffisant ?

« Ce sont des résultats qui ne sont pas à la hauteur, on a sous-estimé le poids des promotions chez nos concurrents et la frustration engendrée par l'attente de la nouvelle Freebox. On a tardé à réagir, notamment en ce qui concerne la rétention de nos abonnés », admet Thomas Reynaud, le nouveau directeur général.

« Je suis persuadé que nous sommes au début d’un nouveau cycle de croissance », ajoute-t-il. Une reconquête portée par la nouvelle Freebox qui devra donc enthousiasmer et surtout permettre à Iliad de justifier une augmentation du prix de l’abonnement. Clé pour relancer la machine.

Tout porte à croire que Free entend changer de paradigme. "Elle ne correspond à rien de ce qui existe déjà. Une nouvelle box doit apporter un nouvel usage, on ne regarde plus vraiment la télé, on veut inventer quelque chose dans la box qui vous donne envie de l'utiliser en allant au-delà de la télé. Si on n’invente pas un usage, ça sert à rien", a expliqué Xavier Niel.

Rappelons que Free pourrait lancer deux box : une d’entrée de gamme assez basique et une premium qui concentrera les innovations, positionnement qui conduira à « des prix plus élevés ».

Bien peu sont ceux ayant sorti leur boule de cristal afin de prédire le contenu de ces innovations. Une source proche du secteur assure néanmoins que : « cela n’aura rien à voir avec une évolution cosmétique et technologique d'un boîtier distribuant Internet et télévision. Il faut s'attendre à un objet qui rabat les cartes de l'Internet domestique/domotique et qui pose un nouveau jalon, au même titre que la Révolution ».

Reste à savoir si cela constituera un argument attractif pour les consommateurs abreuvés de promotions. D’autant plus qu’actuellement, le levier de recrutement se nomme fibre optique, terrain où Free est le moins bien positionné.

Secteur en panne de croissance

Si le client est prêt à payer plus pour de la très grande vitesse (et encore, les opérateurs ne se privant pas non plus de casser les prix sur ce segment), pas sûr qu’ils le soient pour des fonctions domotiques somme toute émergentes.

Une rumeur insistante avance que cette v7 intégrerait ainsi un assistant personnel vocal à la Google Home. Orange a également de fortes ambitions en la matière avec Djingo, son propre assistant qui sera lancé dans les prochains mois.

Mais le retard de Free ouvre un boulevard aux fabricants ayant lancé des produits dédiés comme les enceintes connectées (Google Home, Amazon Echo, HomePod d’Apple) également alimentées par des assistants personnels entrent en force dans les foyers via des politiques tarifaires très agressives.

Autant de points qui laissent sceptiques certains courtiers. Pour Ylan Cattan, gestionnaire d’actifs pour gerant-prive.com : « Ca ne sera pas suffisant à mon avis, Free veut aller chercher des points de croissance là où il n’y en a pas. On peut d’ailleurs tabler sur un désengagement de Xavier Niel sur les activités françaises ».

C’est donc le moment d’acheter à bon prix des actions Iliad : « si Xavier Niel se désiste, ça fera remonter le consensus moyen qui est aujourd’hui à 150 euros l’action ».

Olivier CHICHEPORTICHE