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Google impitoyable contre la fronde interne de certains salariés

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Google. - JOE RAEDLE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Gestion des questions de harcèlement, contrats sensibles avec le gouvernement américain... Certains salariés s'émeuvent des choix du géant américain et le font savoir à la direction, qui réagit vivement.

Il y a encore quelques années, Google avait pour slogan "Don't be evil" ("Ne soyez pas malveillants"). Mais cette noble devise a été effacée dans les grandes largeurs en 2018 du "code" de conduite interne du géant américain (une seule occurrence du slogan restant à la toute fin du document). La maison-mère Alphabet, créée en 2015 pour regrouper l'ensemble des activités de la société, avait d'ailleurs préféré se choisir une autre "baseline" : "Do the right thing" ("Faire ce qu'il faut"). Un changement annonciateur des choix sociétaux et politiques du moteur de recherche avec ses salariés? En tout cas, la politique de l'entreprise semble n'avoir jamais été aussi vivement contestée en interne.

La gestion des questions de harcèlement de salariés et, surtout, celle de la fourniture de technologies au gouvernement américain pour la défense ou pour lutter contre l'immigration illégale ont cristallisé les tensions ces derniers mois. Au point qu'un groupe de salariés s'est organisé pour enquêter sur ces questions et protester publiquement, à travers notamment un arrêt de travail en 2018, baptisé "Google Walkout For Real Change". L'an passé, des salariés ont aussi appelé Google, dans un texte diffusé sur Medium, à abandonner le projet Dragonfly, un moteur de recherche censuré développé pour le marché chinois.

Des initiatives qui sont très mal passées au sein de la direction du groupe de Mountain View, qui pensait peut-être que les salaires élevés offerts, les conditions de travail avantageuses et l'esprit "cool" de la société feraient taire toute contestation. Depuis, Google a pris des mesures sévères et s'est rapproché d'IRI Consultants, un cabinet de conseil réputée dans la lutte contre la syndicalisation au sein des entreprises, comme l'expliquait le New York Times mercredi dernier.

La sécurité des données comme prétexte au licenciement

Dans d'autres messages postés en ligne sur Medium, des salariés racontent que "Google a remodelé ses politiques pour faire de la simple consultation de certains documents une infraction pouvant justifier un licenciement". D'ailleurs, "ce changement de politique constituait une excuse pour exercer des représailles contre les salariés cherchant à s'organiser, donnant (à Google) un prétexte pour choisir qui cibler", est-il ajouté.

De quoi lui permettre de licencier ce mardi quatre salariés, qui auraient consulté des documents auxquels ils n'auraient pas dû avoir accès. Selon l'agence Bloomberg, la direction a envoyé lundi un courriel à tous les salariés expliquant avoir licencié quatre personnes ayant "clairement et à plusieurs reprises enfreint nos politiques en termes de sécurité des données".

"Une enquête approfondie a montré que ces personnes ont délibérément effectué des recherches systématiques sur les documents et les travaux d'autres salariés", des recherches qui n'entraient pas dans le cadre de leurs propres fonctions, ajoute l'entreprise dans le document.

Mettre sous cloche toute contestation

Cette mesure a immédiatement été interprétée comme des représailles envers les personnes impliquées dans des mouvements de protestation. Cette décision est destinée "à entraver toute tentative d'organisation parmi les salariés", estiment les salariés frondeurs. 

En effet, une des personnes concernées, Rebecca Rivers, a confirmé lundi sur son compte Twitter avoir été démise de ses fonctions. Elle avait critiqué le fait que Google travaille avec l'agence américaine en charge de l'immigration et des frontières.

Olivier Chicheportiche avec AFP