Hermétique (pour l'instant) aux sanctions américaines, Huawei affiche une insolente croissance

Sur les neufs premiers mois de l'année, le géant chinois affiche des revenus en hausse de 24,4% par rapport à la même époque l'an dernier. Et ce, malgré les sanctions de Washington à son égard.

Voilà un résultat trimestriel florissant qui ne devrait pas ravir le président américain Donald Trump. Malgré les sanctions prises par la Maison blanche, Huawei affiche encore et toujours des performances financières impressionnantes. Dans ses derniers résultats publiés ce mercredi, le géant chinois fait ainsi état d'un chiffre d'affaires en hausse de 24,4% à 77,9 milliards d'euros lors des neufs premiers mois de l'année. La compagnie chinoise affiche par ailleurs un taux de marge nette de 8,7% sur la période. 

Rappelons que l’administration Trump, accusant le géant chinois des télécoms d’espionnage au profit de Pékin, tente depuis des mois de lui barrer la route. Elle lui a interdit de nouer des partenariats commerciaux avec des entreprises américaines et fait pression pour qu'aucun pays ne passe par le groupe chinois pour les déploiements 5G.

Sur ce dernier point, le succès de l'administration américaine est très relatif. En effet, très peu d'Etats ont suivi son appel au boycott, même si certains pays ont voté des lois pour mieux sécuriser le déploiement de ces réseaux stratégiques. Pire, l'équipementier reste le leader en la matière avec une soixantaine de contrats signés à ce jour pour la 5G.

Ventes de smartphones: +26% sur un an

Donald Trump envisagerait d'ailleurs de subventionner (à travers des crédits) les concurrents européens de Huawei, à savoir le suédois Ericsson et le finlandais Nokia (qui a avalé le franco-américain Alcatel-Lucent) pour les rendre plus attractifs auprès des opérateurs télécoms. L'objectif serait de permettre de s'aligner commercialement avec Huawei qui propose à ses clients des conditions de financement généreuses (grâce au soutien des banques de Pékin) et des délais de paiements plus longs. 

Côté smartphones, l'impossibilité pour Huawei d'utiliser désormais les services de Google (comme Gmail, Google Maps, Google Play, etc.) n'a pas encore eu d'effet sur les ventes. Le premier modèle sans les applications Google (mais qui embarque une version open source d'Android), le Mate 30, n'a en effet été lancé que le 19 septembre dernier. Et depuis janvier, Huawei a écoulé 185 millions de smartphones dans le monde, soit une progression de 26% par rapport aux neuf premiers mois de 2018. 

Le groupe ne précise pas la ventilation géographique de ses ventes mais selon les observateurs, la baisse sensible des ventes en Europe (-16% au 2e trimestre selon Canalys) est compensée par la vigueur des livraisons en Chine. Dans l'empire du Milieu, les acteurs locaux tiennent le haut du pavé et sont dynamisés par un patriotisme économique exacerbé par les sanctions américaines.

Olivier Chicheportiche