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Huawei envisage d'ouvrir une usine pour la 5G en Europe et promet des achats massifs en France

Opération séduction pour l'équipementier chinois qui souhaite ainsi éviter tout boycott en Europe.

Alors que les déploiements massifs de 5G vont débuter en Europe, notamment en France, Huawei montre à nouveau patte blanche et donne des gages.

Rappelons que l'équipementier chinois est boycotté par les Américains et accusé d'espionnage pour le compte de Pékin (sans que la moindre preuve n'ait jamais été apportée). Si peu de pays européens se sont alignés sur la position américaine, les doutes subsistent et certains pays comme la France ont pris des dispositions légales pour renforcer le contrôle des équipements déployés par les opérateurs télécoms.

Huawei annonce donc d'importants investissements sur le Vieux continent pour convaincre les Etats. Dans un entretien accordé à l'AFP, son président Liang Hua explique que face au boycott américain, il compte fabriquer ses propres composants 5G (dont une partie était jusqu'alors achetée aux Etats-Unis). Une production qui pourrait être localisée en Europe.

4 milliards de dollars dépensés en France pour les 5 ans à venir

"Nous envisageons aujourd'hui de fabriquer nos propres composants (pour équipements 5G) en Europe, d'y avoir une base de production. On est en train de mener une étude de faisabilité pour ouvrir une usine en Europe. Dans quel pays? Cela fait partie de l'étude de faisabilité. (...) Quant au calendrier, [cette décision] peut intervenir très rapidement", indique-t-il.

Le responsable promet également d'augmenter considérablement ses achats en France. "Nous avons cinq centres de recherche en France, dans différents domaines, (...) des relations avec les opérateurs et nos clients, et nous souhaiterions approfondir cette coopération. Nous avons déjà effectué pour deux milliards de dollars d'achat ces cinq dernières années, nous souhaitons porter ce montant à quatre milliards de dollars sur les cinq ans à venir. Ce sont des achats destinés à fabriquer des produits pour le monde entier".

Concernant les accusations d'espionnage, Liang Hua répète que Pékin n'utilise pas ses équipements pour espionner les Etats. "Lors des trente dernières années, nous n'avons jamais fait l'objet d'une telle demande. A l'avenir, même si ça devait arriver, nous refuserions ce genre de demande. Le Premier ministre chinois Li Keqiang a déclaré que la Chine n'avait pas de loi exigeant de ses entreprises qu'elles fournissent des renseignements. Cette réalité continuera demain. Notre principe suprême, c'est de nous conformer strictement à la loi du pays où nous travaillons".

Acteur incontournable de la 5G

Suffisant pour convaincre? Une chose est sûre, Huawei est un acteur incontournable de la 5G, il est déjà fortement présent dans les équipements 4G des opérateurs français, surtout chez Bouygues Telecom et SFR. S'en passer provoquerait d'importants retards dans les déploiements 5G.

Comme l'expliquait Arthur Dreyfuss, président de la Fédération française des télécoms et secrétaire général d’Altice (propriétaire de BFM Business) sur notre antenne ce mardi, "Si demain, Huawei était amené à être interdit sur tout ou partie du territoire, il faut bien que chacun ait conscience des retards considérables que nous prendrions dans les déploiements. Ça serait un retard considérable pour les territoires, pour les entreprises françaises, pour la transformation numérique. Cela aurait un coût".

OC avec AFP