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Avec son dernier smartphone "Mate 30 Pro", Huawei fait un pied de nez aux fabricants américains

Le géant des télécoms chinois Huawei n'aura eu besoin que de quelques mois pour concevoir un smartphone dépourvu de tout composant américain. Une première répondant au nom de Mate 30 Pro. Ce qui n'est pas sans conséquences pour les fabricants de semi-conducteurs situés outre-Atlantique.

C'est une nouvelle étape dans la guerre commerciale que se livrent les Etats-Unis et la Chine. En mai dernier, le président américain Donald Trump avait placé Huawei, accusé d'espionnage, sur sa liste noire commerciale. Près de 7 mois plus tard, le géant chinois des télécoms lance cette semaine en France son dernier smartphone, le Mate 30 Pro. Il s'agit du premier appareil de la marque qui ne dépend d'absolument aucun composant fabriqué aux Etats-Unis.

Comme Washington a formellement interdit aux entreprises américaines de travailler avec Huawei, empêchant de ce fait au groupe chinois d'utiliser la version d'Android de Google – ce nouveau smartphone se sert donc d'AOSP (la version open source d’Android) et ne se pare ni du Play Store, ni des applications Google (Gmail, Google Maps, ...).

Arroseur arrosé

Mais en optant pour cette stratégie agressive, Donald Trump pourrait bien avoir, in fine, tiré une balle dans le pied de ses constructeurs locaux. Pourquoi? Parce qu'à titre d'exemple, jusqu'à présent, l'amplificateur audio qui compose le Mate 30 Pro était fourni par l'américain Sirius Technology. Désormais, celui-ci est conçu par le fabricant de semi-conducteurs néerlandais NXP. Autre exemple: les puces Wi-Fi et Bluetooth, qui étaient jusqu'à présent livrées par l'américain Broadcom, sont dorénavant élaborées en interne par Huawei.

En empêchant les entreprises américaines de travailler avec le géant chinois, Donald Trump pourrait bien leur avoir porté préjudice. D'autant que maintenant que la firme asiatique se rend compte qu'elle parvient tout à fait à concevoir ses smartphones sans le soutien des Etats-Unis, elle pourrait bien réitérer l'expérience pour ses futurs modèles. Un lancement qui, forcément, inquiètent les fabricants de semi-conducteurs qui œuvrent outre-Atlantique. Surtout que Huawei est un très gros client. En 2018, Huawei a commandé pas moins de 11 milliards de dollars de composants aux Etats-Unis. Et si cette situation venait à s'inscrire dans la durée, cela pourrait clairement porter préjudice aux fabricants américains qui redoutent un manque à gagner.

De son côté, Huawei continue de travailler sur un système d'exploitation maison répondant au nom d'Harmony OS. Lequel devrait être finalisé en 2020 et permettre au mastodonte des télécoms chinois de se passer totalement d'Android. Reste que la grande faiblesse du Mate 30 Pro, c'est évidemment le fait que celui-ci ne soit pas doté du moteur de recherches de Google ni des application du groupe américain. Les consommateurs sont-ils vraiment prêts à se passer de ces services?

J.C-H