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Interdiction de Huawei au Royaume-Uni: Washington jubile, Londres tente de calmer la colère de Pékin

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Huawei - AFP

L'administration Trump estime que le Royaume-Uni a été convaincu de ses accusations d'espionnage à l'encontre du géant des télécoms chinois. Le Royaume-Uni préfère lui parler de "problèmes techniques".

Le couperet est tombé le 14 juillet: le gouvernement britannique a annoncé mardi qu'il allait exclure le géant chinois des équipements télécoms Huawei de son réseau 5G. L'achat de nouveaux équipements Huawei sera interdit dès la fin de cette année. Dans le même temps, et c'est la décision la plus lourde pour les acteurs de la filière, les équipements existants devront être retirés d'ici à 2027.

C'est une victoire de taille pour Donald Trump qui appelle ses alliés à boycotter Huawei accusé d'espionnage. Et le géant chinois n'a pas tardé à réagir avec véhémence.

"Londres a été berné par les Etats-Unis"

"Londres a été berné par les Etats-Unis", lance Hua Chunying, la porte-parole de la diplomatie chinoise. "Cela n'est pas le problème d'une entreprise ou d'une industrie. Est un problème le fait que le Royaume-Uni politise les questions commerciales et technologiques quel qu’en soit le prix", poursuit-elle.

"Est un problème le fait que la pérennité des investissements chinois au Royaume-Uni est très menacée. Le problème est notre confiance en le fait que le marché britannique restera ouvert, équitable et non discriminatoire", a-t-elle poursuivi.

Des menaces à peine voilées qui ont fait réagir Londres qui tente désormais de ménager son partenaire chinois en sous-entendant ne pas avoir cédé aux pressions amicales de son allié américain. En clair, cette décision n'aurait pas été prise pour raison d'espionnage potentiel (jamais démontré par les Américains).

"Je ne pense pas que cela devrait avoir un impact sur nos relations avec la Chine sur un plan plus large. Il y avait clairement des problèmes techniques que nous avons cherché à résoudre, tout en garantissant que les gens bénéficient d'une très bonne couverture de téléphonie mobile, ce qui est également important", s'est défendu Matt Hancock, le ministre britannique de la Santé.

Probable retard de la 5G dans le pays

Washington n'est évidemment pas de cet avis. "Nous avons convaincu de nombreux pays, de nombreux pays, je l’ai fait moi-même pour la plupart, de ne pas utiliser Huawei", a déclaré Trump, selon Reuters.

Les opérateurs télécoms du pays continuent eux à regretter amèrement cette décision qui "retardera encore le déploiement de la 5G dans le pays" souligne Vodafone, le numéro deux du marché britannique.

"Si on veut n'avoir aucun élément de Huawei dans toute l'infrastructure des télécoms à travers le Royaume-Uni, je pense que c'est impossible à faire en moins de 10 ans", expliquait de son côté en début de semaine Philip Jansen, patron de BT, rappelant que le géant chinois faisait partie des infrastructures télécoms britanniques depuis près de 20 ans, étant "un gros fournisseur de BT et d'autres opérateurs au Royaume-Uni". Philip Jansen avait aussi averti de "pannes" et de problèmes de sécurité si le gouvernement décidait de se passer de tout équipement Huawei.

Olivier Chicheportiche