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L'appli de rencontres gay Grindr a partagé le statut VIH de ses utilisateurs

Grindr revendique 3,6 millions d'usagers actifs quotidiens.

Grindr revendique 3,6 millions d'usagers actifs quotidiens. - Grindr/ Google Play

L'application de rencontres homosexuelles est critiquée pour avoir laissé des entreprises tierces accéder à des données privées de ses utilisateurs.

Les données personnelles peuvent parfois toucher au plus intime. Après avoir été critiquée la semaine passée pour avoir exposé la géolocalisation de ses utilisateurs, l’application de rencontres gay Grindr est pointée du doigt pour avoir laissé des entreprises tierces accéder à leurs données privées, dont leur statut VIH, rapporte BuzzFeed News.

Deux services d'optimisation des applications, Apptimize et Localytics, recevaient ainsi de nombreuses informations que les utilisateurs de Grindr peuvent choisir de mentionner sur leur profil. Parmi elles, leur statut VIH et leur dernière date de dépistage. Ces données étant transmises dans un lot comprenant la géolocalisation des utilisateurs, leur numéro de téléphone ou leur adresse mail, elles peuvent faciliter l'identification des membres du réseau, estime Antoine Pultier, chercheur au cabinet norvégien Sintef, auprès de BuzzFeed.

Particulièrement populaire, Grindr se qualifie de "plus grand réseau mondial de rencontres pour hommes gays" et revendique 3,6 millions d’usagers quotidiens. "En tant qu’entreprise au service de la communauté LGBTQ [lesbiennes, gay, bi, trans et queer], nous comprenons à quel point la révélation d’un statut VIH peut être un sujet sensible", a reconnu l’un de ses responsables, Scott Chen, dans un texte diffusé sur la plate-forme Tumblr, admettant que cela pouvait susciter des "inquiétudes"

Une réponse jugée insuffisante

Ces mêmes données sont néanmoins "soumises à des clauses contractuelles strictes" de confidentialité, assure M. Chen, qui rappelle que les usagers peuvent choisir ou non de mentionner leur statut sérologique par rapport au VIH et qu'il leur incombe ainsi d'être vigilants.

La réponse de Grindr a suscité de vives réactions. "La confidentialité, ce n’est pas juste les numéros de cartes de crédit et les mots de passe. Partager des informations sensibles comme celles-ci peut mettre les Américains LGBT en danger", a réagi sur Twitter le sénateur démocrate du Massachusetts Ed Markey.

L’association de défense des droits numériques Electric Frontier Foundation a quant à elle jugé «décevante» la réponse de Grindr. "Vous avez trahi la communauté LGBT", a commenté un internaute sous le texte de l’entreprise.

Fin mars, l'entreprise avait indiqué son souhait de rejoindre la lutte pour la prévention du virus du sida, en proposant des rappels pour faire un dépistage du VIH, relevait le New York Times.

Cette polémique survient alors que Facebook subit la plus importante crise de son histoire. Le réseau est accusé d'avoir autorisé une application tierce à accéder aux données personnelles de plus de 50 millions d'utilisateurs, ensuite mises à profit à des fins politiques. 

Elsa Trujillo, avec AFP