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L'insolente santé des GAFA ravive le débat sur leur taxation

Alors que Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor, s'interroge sur l'inaction des géants du numérique, Bruno Le Maire appelle à l'adoption à l'échelle européenne d'une taxation des GAFA.

Les GAFA sont à nouveau pointés du doigt. La crise mondiale provoquée par l'épidémie de coronavirus relance le débat sur leur contribution aux ressources publiques des pays, alors que leurs derniers résultats trimestriels (Facebook, Microsoft, Amazon...) affichent une nouvelle fois des performances particulièrement solides. Car contrairement aux autres secteurs, leurs activités ont été maintenues et ont même été en croissance.

Au-delà de proposer gratuitement des outils pour le télétravail (gratuité qui a vocation à disparaître à terme), qu'ont fait ces géants jusqu'à aujourd'hui? Sébastien Bazin, PDG du groupe Accor, s'étonne du manque d'initiatives et d'engagement financier de ces acteurs.

"Le public comptera les points"

"Qu’ont fait les GAFA pour nous, dans cette période ? Depuis cinq ans, nous avons confié notre avenir à cinq sociétés mondiales. Dans cette crise, elles sont sourdes, muettes, étrangement absentes. Jack Ma et Bill Gates ont agi. Mais pas leur société. Après cette crise, le public comptera les points. Il regardera qui a été présent, et qui a été absent", a-t-il déclaré lors du Online summit business rebound qui a eu lieu le 29 avril dernier. Propos repris par le site spécialisé Petit Web et confirmés à BFM Business par le service de presse d'Accor.

Pour Bruno Le Maire, le ministre de l'Economie, cette crise actuelle est justement le moment pour relancer l'adoption d'une taxe au niveau européen.

"Cette crise montre que ceux qui s'en sortent aujourd'hui le mieux, ce sont les géants du numérique simplement parce que leurs activités se poursuivent y compris pendant la crise, et pourtant ce sont les moins taxés", a-t-il déclaré lundi à l'occasion d'une séance de questions-réponses en direct avec les internautes sur le réseau social professionnel LinkedIn.

"Donc ma proposition de taxation du numérique, elle est plus d'actualité que jamais et j'espère que nos partenaires européens vont prendre conscience de la nécessité absolue qu'il y a à accélérer sur la taxation des géants du numérique", a-t-il insisté.

Un accord à l'OCDE difficilement envisageable pour la fin d'année

Rappelons que les négociations au sein de l'OCDE d'un nouvel accord sur la fiscalité transfrontalière afin de l'adapter à l'ère numérique sont actuellement gelées à cause de l'épidémie. L'objectif de parvenir à un accord international d'ici à la fin 2020 semble donc impossible à tenir. D'où la volonté de Bruno Le Maire de repasser par la case Europe pour enfin adopter un texte commun.

Pour autant, les obstacles resteront les mêmes. L'Irlande et certains pays nordiques risquent une nouvelle fois de rejeter l'application d'une telle taxe, ces pays à faible imposition hébergeant de nombreux géants américains du secteur qui y déclarent la majeure partie de leurs leurs profits, indépendamment de la localisation de leurs clients.

Quant aux taxes mises en place au niveau national comme en France, elles ont provoqué la colère de Washington qui menace d'appliquer des représailles commerciales. Les Etats-Unis ne veulent qu'un accord à travers l'OCDE, accord qui n'est pas prêt d'être bouclé.

Olivier Chicheportiche