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Face à des dépenses qui s'envolent, Facebook voit ses profits reculer en 2019

Les bénéfices du réseau social sont en repli de 16% sur un an, malgré des revenus qui bondissent. En cause, des dépenses qui progressent presque deux fois plus vite que le chiffre d'affaires.

Facebook continue à attirer en masse les utilisateurs et les revenus malgré les multiples polémiques auxquelles le groupe fait face. Mais pas suffisamment aux yeux des marchés et au prix d'une envolée de ses dépenses. Le titre, qui a progressé de 55% sur les douze derniers mois, chutait de plus de 7% mercredi dans les échanges électroniques suivant la clôture de la Bourse.

Attaqué de toutes parts, sur la gestion des données privées de ses membres ou de la parole des responsables politiques par exemple, le géant des réseaux sociaux a encore vu le nombre d'utilisateurs mensuels actifs sur Facebook augmenter au quatrième trimestre de 8% sur un an pour atteindre 2,5 milliards fin 2019. Le nombre de membres utilisant au moins une fois par mois le réseau social ou les applications Instagram, WhatsApp et Messenger, a de son côté grimpé de 9%, à 2,89 milliards.

Des dépenses qui s'envolent

Le modèle économique de Facebook reposant sur l'exploitation des données personnelles de ses membres, qu'il collecte et compile pour proposer aux annonceurs de cibler au mieux les consommateurs, cette progression continue est importante.

Le groupe a généré au quatrième trimestre 21,082 milliards de dollars de chiffre d'affaires (+25% sur un an). Mais son bénéfice net progresse beaucoup moins rapidement à 7,349 milliards de dollars sur la période octobre-décembre (+7% sur un an). 

Sur l'ensemble de l'année, les résultats de Facebook sont plus inquiétants côté résultat net. Si le groupe enregistre 69,655 milliards de dollars de revenus en 2019 (+27% sur un an), il n'affiche "que" 18,48 milliards de dollars de bénéfice net, un chiffre en repli de 16% sur un an. En cause, des dépenses qui s'envolent. Celles-ci progressent de 51% sur un an, soit pratiquement deux fois plus vite que les revenus, pour atteindre 46,7 milliards de dollars sur l'année.

La croissance de Facebook est d'ailleurs un peu moins importante qu'au cours des précédents trimestres. Et Facebook anticipe pour le premier trimestre un nouveau ralentissement, avec une baisse de 1 à 5 point du taux de croissance annuel par rapport à celui constaté au dernier trimestre 2019 (qui était de +25% sur un an).

Des obstacles au ciblage des publicités

L'entreprise atteint un certain seuil de maturité ne permettant plus de prolonger indéfiniment la croissance frénétique des dernières années, a souligné le directeur financier David Wehner, lors d'une conférence téléphonique. Elle subit aussi "l'impact grandissant des diverses réglementations sur la vie privée dans le monde" ainsi que "d'autres obstacles au ciblage des publicités".

Facebook a lourdement investi depuis 2018 pour rétablir la confiance, depuis des scandales de fuites de données et de campagnes de désinformation menées sur ses plateformes. Le nombre de ses employés a encore augmenté, le groupe employant 44.942 personnes fin 2019, soit 26% de plus que l'an passé.

"Le fait que le chiffre d'affaires et le bénéfice par action n'aient dépassé que de peu les prévisions a pu décevoir des investisseurs habitués à des performances plus flamboyantes", avance Colin Sebastian du cabinet Baird.

Pourtant, avec ses derniers chiffres trimestriels, "l'entreprise démontre qu'elle résiste à la critique permanente de ses pratiques tout en continuant à faire croître ses revenus et sa base d'utilisateurs", remarque Debra Aho Williamson, analyste chez eMarketer. Cette tendance ne faiblira pas en 2020, anticipe le cabinet qui prévoit une nouvelle croissance des dépenses publicitaires de 22% sur Facebook et Instagram. 

Des controverses à la chaîne

Le groupe de Menlo Park enchaîne pourtant les controverses, de son projet de monnaie numérique Libra qui a suscité une large hostilité, aux questions de respect de la vie privée en passant par des accusations de pratiques anti-concurrentielles et de désinformation. 

Le groupe a encore, début janvier, fait fi des critiques et confirmé qu'il ne censurera que très exceptionnellement les publicités politiques, même mensongères.

A l'approche de l'élection présidentielle américaine en novembre, Mark Zuckerberg a répété mercredi que les entreprises privées ne devaient pas, à ses yeux, décider seules "quels contenus sont nuisibles". "Nous étions en retard en 2016", a-t-il reconnu. "Mais après avoir travaillé sur la protection d'élections à travers le monde, de l'Union européenne, à l'Inde en passant par le Mexique et les élections législatives de mi-mandat aux Etats-Unis, nous pensons que nos systèmes sont maintenant les plus avancés", a affirmé le jeune milliardaire.

OC avec AFP