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La reconnaissance faciale de l'iPhone X inquiète déjà les autorités américaines

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- - Capture live Apple

Membre de la commission de la vie privée et des technologies, le sénateur américain Al Franken exige d'en savoir plus sur Face ID, la technologie de reconnaissance faciale de l'iPhone X. Il donne un mois à Tim Cook pour s'expliquer sur la provenance et l'usage des données recueillies par Apple.

À peine dévoilé, l’iPhone X inquiète déjà les autorités américaines. Rien à voir avec son prix ni avec l’écran OLED qui pourrait être livré au compte-gouttes par Samsung. Les questions portent sur Face ID, la technologie de reconnaissance faciale qui équipe le nouveau fleuron de la marque californienne.

Al Franken, un sénateur américain membre de la commission de la vie privée et des technologies, a adressé une lettre à Tim Cook, le PDG d’Apple, pour obtenir plus de détails sur cette méthode d’authentification qui repose sur la biométrie faciale. Il pose six questions très précises et réclame des réponses d’ici le 13 octobre 2017.

Des données à vendre?

Franken veut savoir s’il est possible de hacker Face ID avec une photo ou une personne portant un masque, si Apple stocke ces données et si l'entreprise compte les vendre à des tiers, s’il n’y a pas de risque de discrimination raciale ou de sexe ou enfin si la technologie est efficace, quelle que soit la couleur de la peau d’un individu. Enfin, il demande d’où provient le milliard de scans évoqué par Tim Cook lors du keynote, des scans destinés à affiner l’efficacité de Face ID. Le patron d’Apple a désormais un mois pour apporter des réponses au Sénat.

Tim Cook peut éclaircir Al Franken sur quelques points, mais probablement pas tous. Comme cela a été expliqué lors du keynote, les données biométriques ne peuvent être vendues puisqu'elles ne sont pas stockées sur les serveurs d’Apple. Comme les empreintes digitales du Touch ID, elles sont stockées dans l’iPhone et ne sont donc accessibles qu'à leur propriétaire.

Apple à nouveau face à Washington

Quant à la sécurité de la technologie biométrique, sa complexité est si poussée qu’il semble impossible de la leurrer comme Phil Shiller, patron du marketing d’Apple, l’a affirmé lors de la présentation de l’iPhone X. Selon des experts, la sécurité de Face ID serait loin devant les systèmes concurrents. Rappelons que cette technologie de reconnaissance 3D provient de PrimeSense, une start-up israélienne qu’Apple a rachetée en 2013 pour un montant estimé à 350 millions de dollars. C’est cette entreprise qui avait créé le Kinect de Microsoft. À l'époque, beaucoup pensaient que cette acquisition était destinée à créer un téléviseur intelligent, l'iTV, ou des lunettes connectées. La technologie Face ID ne servira-t-elle finalement qu'au déverrouillage du smartphone?

Reste à déterminer l'origine des données biométriques qui offrent à Face ID une précision qui garantit sa sécurité. Apple va-t-elle dévoiler aux autorités américaines ses secrets de fabrication? C'est loin d'être sûr. Ce ne serait pas le premier bras de fer entre le groupe de Cupertino et Washington. En 2015, après l’attaque de San Bernardino, le FBI avait exigé qu’Apple déverrouille l’iPhone utilisé par un terroriste. Soutenu par la Silicon Valley, Tim Cook n’a pas cédé malgré la pression de Washington et les critiques des médias qui estimaient que dans ce cas précis, Apple pouvait cette fois faire une entorse à sa politique de protection de données. Au final, le FBI avait dû s’équiper d’une technologie pour débloquer l’iPhone et mettre fin à cette guerre juridique.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco