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Le spécialiste des smartphones reconditionnés Remade sauvé mais deux tiers des effectifs supprimés

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Le tribunal de commerce de Rouen a validé une offre de reprise du groupe tricolore Remade qui autorise le licenciement de 211 emplois sur 328. Soit les deux tiers de ses effectifs.

Sauvée, mais à quel prix? L'entreprise normande Remade, basée à Poilley dans la Manche, vient d'échapper de justesse à une funeste fin.

Le tribunal de commerce de Rouen a ordonné jeudi la "cession totale des actifs" de Remade SAS et de Remade Group à la société britannique Forth Wave Technology, créée en 2019 par Suresh Radhakrishnan.

Une cession qui implique la suppression des deux tiers des effectifs de Remade (soit 211 emplois sur les 328 restants) et qui fait suite au placement en redressement judiciaire de ses filiales survenu fin septembre 2019. En 2019, Remade avait atteint un effectif global de 680 personnes.

L'offre de l'ex-PDG rejetée

Dans le détail, deux offres avaient été examinées par le tribunal de commerce de Rouen lors d'une audience tenue le 9 janvier.

L'ancien PDG et fondateur de Remade, Matthieu Millet, proposait de reprendre 142 salariés pour 1,3 million d'euros. Mais l'offre avait été rejetée. Le parquet ayant "exprimé de sérieux doutes sur le critère de pérennité et sur des problèmes de recevabilité juridique de cette offre", selon le tribunal.

Le Comité social et économique (CSE) avait, par ailleurs, émis un avis favorable, malgré quelques réserves, sur l'offre faite par le britannique. Laquelle avait été validée par le tribunal, selon l'avocat du CSE Thomas Hollande qui ne souhaitait pas évoquer l'offre de Matthieu Millet.

Faux bilan et fausses factures

Le fait est que si le tribunal de commerce s'est montré si réticent quant à l'offre faite par Matthieu Millet, c'est peut-être aussi parce que l'ex-patron de Remade s'est déjà vu, par le passé, refuser la gestion de plusieurs autres entreprises.

A la suite du "signalement d'un administrateur judiciaire", Remade avait fait, en outre, l'objet d'une enquête préliminaire menée par le parquet de Rennes pour faux bilans et fausses factures.

Dans tous les cas, la chute de Remade se révèle d'autant plus brutale que le groupe s'était imposé en quelques années comme un leader du reconditionnement de smartphones premium sur le marché français.

Depuis 2018, le groupe connaissait cependant d'importantes difficultés financières. A la demande du CSE de Remade, le cabinet Syndex avait alors examiné la situation de l'entreprise. Dans un rapport daté de novembre 2019 auquel Les Echos avait eu accès, il était alors inscrit que la "situation actuelle de Remade et du groupe" semblait être "le résultat d'une course effrénée à la taille menée par le créateur Matthieu Millet et une partie de ses associés, non pas pour en faire un groupe florissant, mais bien pour maximiser rapidement sa valorisation en affichant des croissances fortes de chiffre d'affaires".

J.C-H avec AFP