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Le "Twitter chinois" résiste à la censure anti-gay

Le réseau social est revenu sur sa décision de censurer les contenus liés à l'homosexualité.

Le réseau social est revenu sur sa décision de censurer les contenus liés à l'homosexualité. - PETER PARKS / AFP

Vendredi, Weibo a annoncé la suppression de contenus liés à l'homosexualité, sur ordre de Pékin. Le réseau social chinois invoquait une "campagne de nettoyage" visant à assurer un Internet "clair et harmonieux".

L'un des plus importants réseaux sociaux chinois fait un pied de nez au gouvernement. Sina Weibo, l'équivalent de Twitter en Chine, a renoncé, ce lundi, à supprimer les contenus sur l'homosexualité de son réseau, rapporte le Guardian.

L'annonce fait suite à trois jours de tollé pour le réseau social. Vendredi, Weibo annonçait la suppression de contenus liés à l'homosexualité de sa plateforme, dans le cadre d'une "campagne de nettoyage" de trois mois visant à assurer un Internet "clair et harmonieux", conformément à la volonté de Pékin. Parmi les contenus ciblés, "les mangas et vidéos avec des implications pornographiques, promouvant la violence, ou [liés à] l'homosexualité", qu'il s'agisse "d'amours entre hommes ou d'histoires gay fictionnelles".

Cette initiative a valu à Weibo une déferlante de protestations. Dimanche soir, environ 220.000 usagers de Weibo avaient utilisé le hashtag #Jesuisgay, pour dénoncer un énième tour de vis sur l'Internet chinois et un nouveau signal de discrimination envers la communauté gay. Pour rappel, l'homosexualité n'a été supprimée de la liste des maladies mentales qu'en 2001 dans le pays.

Un revirement de situation

Pour ne pas indigner davantage ses utilisateurs, Weibo se concentrera sur la seule élimination des contenus violents ou à teneur pornographique. Le réseau n'indique pas si sa capitulation est issue de l'entreprise elle-même ou d'une directive du gouvernement. 

Au même titre que d'autres réseaux sociaux populaires dans le pays, la plateforme aux 400 millions d'utilisateurs mensuels actifs fait l'objet d'un contrôle renforcé de la part du gouvernement chinois. La loi sur la cybersécurité, appliquée depuis le 1er juin 2017, permet aux autorités de poursuivre toute personne ou entité publiant des informations qu'elles estiment nuisibles au régime. Le texte entreprend d'expurger l'Internet de tout contenu déviant des "valeurs centrales du socialisme", tout en étouffant les critiques et les contenus jugés sensibles. Pékin y voit un moyen de garantir la sécurité nationale et la stabilité sociale.

En août dernier, le gouvernement annonçait l'ouverture d'une enquête à l'encontre de la messagerie WeChat, de Weibo et du moteur de recherche Baidu. Ces trois acteurs majeurs du Web dans le pays étaient accusés d'avoir violé la loi en publiant des "contenus illicites mettant en danger la sécurité nationale". La semaine passée, l'agrégateur de contenus d'actualité Toutia a été sanctionné pour avoir permis à ses usagers d'échanger des blagues et vidéos grivoises. En réponse, le service a promis de porter à 10.000 le nombre de ses censeurs.

https://twitter.com/Elsa_Trujillo_?s=09 Elsa Trujillo Journaliste BFM Tech