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Les assureurs vont flécher 6 milliards d'euros d'épargne vers la French Tech

Au rythme actuel, il faudra attendre 2090 en France, 2067 au Royaume-Uni et 2139 en Allemagne pour atteindre la parité.

Au rythme actuel, il faudra attendre 2090 en France, 2067 au Royaume-Uni et 2139 en Allemagne pour atteindre la parité. - Unsplash - CC

21 assureurs investiront 6 milliards d'euros sur 3 ans, annonce Bercy. Il s'agit de soutenir les start-up technologiques en croissance, afin d'accompagner leur passage en "scale-up" voire en licornes.

Emmanuel Macron l'avait annoncé en septembre. Voilà qui est fait. Les assureurs se sont engagés à diriger 6 milliards d'euros de l'épargne qu'ils gèrent vers les start-up françaises en croissance. C'est un milliard de plus que ce qui avait été annoncé en septembre par le président de la République Emmanuel Macron. 

"Vingt et une institutions ont signé et mettront 6,154 milliards d'euros sur la table sur les trois ans qui viennent, avec un objectif de 20 milliards à terme, pour le financement des start-up technologiques" en croissance, a déclaré le ministre de l'Economie et des Finances Bruno Le Maire, à l'issue d'un rendez-vous avec les assureurs français à Bercy.

"C'est du 'vrai argent', j'ai demandé à chaque assureur de signer son parapheur, pour être bien sûr que les engagements financiers arrivent bien à destination", a-t-il ajouté.

Les assureurs se sont engagés à orienter cette épargne vers les start-up technologiques en croissance, celles dont les besoins de financement se chiffrent en dizaines, voire en centaines de millions d'euros, et qui ont du mal aujourd'hui à trouver des investisseurs capables de parier sur elles.

Les investissements des assureurs se répartiront à peu près également entre entreprises cotées et entreprises non cotées.

Enjeu majeur de souveraineté 

"C'est un enjeu majeur de souveraineté" pour la France, a déclaré Bruno Le Maire. "Est ce que nous voulons avoir nos propres entreprises de la tech qui se développent et deviennent des entreprises de taille intermédiaire, puis des licornes" (entreprises non cotées valorisées à plus d'un milliard de dollars), ou "voulons-nous rester des champions des start-up (...) avec le risque qu'elles soient rachetées les unes après les autres par des géants américains?"

Devant les assureurs, menés par la présidente de la Fédération française de l'assurance Florence Lustman, Bruno Le Maire s'est engagé à batailler pour un assouplissement de certaines normes prudentielles pour faciliter leurs investissements "dans des sociétés cotées ou non cotées".

"Vous pouvez comptez sur moi pour me battre pour que la direction de la directive européenne Solvabilité 2 (qui régule le secteur de l'assurance, NDLR) se fasse dans l'intérêt du financement de notre économie", a-t-il dit. "Faisons très attention à ce que la sur-réglementation européenne ne conduise pas à survaloriser les banques et les assureurs américains, au détriment des banques et du secteur financier européen."

Promesse présidentielle

La signature à Bercy des engagements des assureurs est la traduction concrète des efforts en faveur de l'investissement dans les start-up technologiques en croissance annoncés en septembre à l'Elysée par Emmanuel Macron, devant un partenaire de représentants de la tech et d'investisseurs.

Techniquement, les assureurs ont signé trois documents différents, a expliqué Philippe Tibi, dont le rapport il y a quelques mois avait orienté les annonces d'Emmanuel Macron: "Il y a un contrat d'engagement, sur des montants différents" pour chaque assureur "mais dont les termes sont strictement identiques pour l'ensemble des investisseurs", a-t-il expliqué.

"Il y a également une charte de gouvernance du projet (...) qui place les investisseurs au centre du projet, et enfin un cahier des charges", qui vise notamment à "localiser sur notre territoire de nombreuses équipes d'investissement de niveau mondial".

OC avec AFP