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Les déboires de l'héritier de Samsung et ses scandales à répétition

Lee Jae-Yong

Lee Jae-Yong - Chung Sung-Jun / POOL / AFP

Corruption, succession controversée, management critiqué... Lee Jae-yong a été contraint de présenter ses excuses pour s'assurer un nouveau départ à la tête du géant mondial.

L'héritier de Samsung, Lee Jae-yong, a présenté mercredi ses excuses pour les scandales et affaires qui ont plombé le plus grand groupe sud-coréen, en particulier pour le processus de succession controversé qui lui permet de prendre la tête du premier fabricant mondial de smartphones.

Vice-président de Samsung Electronics, le fleuron du conglomérat, Lee Jae-yong a été condamné en 2017 à cinq ans de prison dans le cadre du retentissant scandale de corruption qui avait entraîné la destitution et l'emprisonnement de l'ex-présidente sud-coréenne Park Geun-hye.

Le dirigeant de 51 ans a été libéré un an plus tard. Mais son cas fait actuellement l'objet d'un nouveau procès.

"Nous sommes reconnus pour notre technologie et nos produits de première classe, pourtant l'opinion publique est très critique à l'égard de Samsung", a-t-il dit. "Tout cela est dû à nos manquements. C'est de ma faute et je présente mes sincères excuses", a-t-il ajouté.

Lee Jae-yong s'est incliné trois fois devant les photographes réunis dans une salle de conférence du groupe Samsung Electronics à Séoul. Il a promis qu'il n'y aurait "plus de polémique" quant à sa promotion. "Je ne ferai rien qui soit contraire à la loi."

Des millions de dollars de pots-de-vin

Ces excuses publiques étaient une demande du comité de conformité du groupe, qui supervise la transparence au sein du conglomérat.

Lee Jae-yong est dans les faits le patron de Samsung, depuis que son père Lee Kun-Hee, qui avait transformé l'entreprise en mastodonte de la technologie, a été terrassé en 2014 par une crise cardiaque depuis laquelle il est alité. Le groupe a été fondé en 1938 par le grand-père de Lee Jae-yong. Ce dernier a promis qu'il serait le dernier dans la ligne de succession familiale.

"Je ne compte pas transmettre mes fonctions à mes enfants", a-t-il assuré. "C'est une chose à laquelle je pense depuis longtemps mais j'étais hésitant à l'annoncer publiquement."

L'affaire de corruption qui lui a valu la prison porte sur des millions de dollars versés par le groupe à la confidente de l'ombre de Mme Park en échange de faveurs du gouvernement, et notamment le fait de faciliter la succession du père par le fils.

Les "chaebols" dans le viseur

Ce scandale avait souligné une fois de plus les accointances troubles entre le pouvoir sud-coréen et les grandes familles qui contrôlent les "chaebols", ces conglomérats à l'origine du prodigieux redressement après la Guerre de Corée, d'un pays qui est aujourd'hui la 12ème économie au monde.

Le chiffre d'affaires du groupe Samsung représente à lui seul un cinquième du PIB sud-coréen, d'où son poids politique et économique considérable.

Lee Kun-hee, qui en est toujours officiellement le président, est, selon Bloomberg Billionaires, l'homme le plus riche du pays et le 65ème au monde, avec une fortune estimée à 15,7 milliards de dollars. Celle de Lee Jae-yong est estimée à 5,7 milliards de dollars.

En mars, le comité de conformité, dont la création avait résulté d'une décision de justice en ce sens, avait estimé que plusieurs incidents "scandaleux" étaient directement liés au mécanisme mis en place pour cette passation de pouvoir à la tête du groupe. C'est alors qu'il avait conseillé à Lee Jae-yong de présenter ses excuses.

Liberté syndicale

Il avait aussi demandé au dirigeant de s'exprimer sur la politique antisyndicale qui a longtemps prévalu à la tête de l'entreprise. Pendant près d'un demi-siècle, jusque novembre 2019, Samsung a réussi avec succès à contrer toutes les tentatives de création d'un syndicat, parfois au prix de méthodes musclées.

"Je voudrais présenter mes plus plates excuses à toutes les personnes qui ont souffert des questions syndicales au sein de Samsung", a dit M. Lee. "A partir de maintenant, je m'assurerai de ce que Samsung ne soit pas critiqué pour sa gestion des questions liées aux syndicats."

Le groupe, a-t-il promis, garantira le respect des droits des travailleurs, y compris la formation des responsables syndicaux, la négociation collective ou encore le droit de réunion.

TL avec l'AFP