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Les GAFA "se comportent comme des sociétés coloniales du 16ème siècle"

Guillaume Klossa, spécialiste de l'Europe et du numérique, était invité sur le plateau de Good Morning Business, ce vendredi. Il est notamment revenu sur le poids des géants de la tech qui ont continué de surnager pendant la crise.

Rien de neuf sous le soleil de la Californie. Malgré la pandémie et les plans sociaux qui se multiplient dans le monde entier, les géants américains de la tech n'ont pas été touchés par la récession. Mieux, les GAFA ont enchaîné les bons résultats, profitant justement des conséquences du confinement et de la crise.

Des résultats excellents alors que l'Europe se plaint de leur manque de contribution fiscale et les Etats-Unis s'inquiète de leur domination sans partage. Mercredi, les patrons de certains de ces géants (Amazon, Facebook...) étaient même auditionnés et sermonnés par les députés américains du Congrès.

Les GAFA "se comportent comme des sociétés coloniales du 16ème ou du 17ème siècle, comme nous, Européens, l'avons fait autrefois avec nos colonies" commente sur BFM Business Guillaume Klossa, fondateur d'EuropaNova et auteur de "Media for good" (Éd. Nouveaux débats publics). "Elles captent la valeur économique, elles captent les informations sur les gens, les données mais aussi elles captent les talents qui sont clés pour la relance de notre économie."

"Aujourd'hui, à l'heure de l'intelligence artificielle et du big data, on a besoin de data scientists et de spécialistes de l'intelligence artificielle, et ces sociétés prennent l'essentiel de nos talents, formés en Europe par des systèmes de formation européens et les mettent à leur service" critique-t-il.

Une alternative européenne ?

Reste que les GAFA n'ont pas, à l'exception des Chinois, de concurrents. Et surement pas en Europe. "Pour développer des entreprises européennes de taille mondiale, il faut un vrai marché européen et il faut aussi des financeurs européens" souligne Guillaume Klossa. En clair, il faudra un pas de plus vers le fédéralisme pour créer une union plus puissante.

"La question pour l'Europe est de savoir si nous voulons, pour développer des géants européens, devenir une vraie puissance économique et géopolitique mondiale" insiste l'expert. "C'est l'enjeu finalement du plan de relance et de ce qui est en train de se jouer mais le débat n'a pas été mené à terme, c'est le moment de le faire. Il faut une volonté politique européenne".

Thomas Leroy