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"Ni l'Europe ni les Etats-Unis ne sont capables d'envoyer un homme dans l'espace" avec leurs fusées

Invité sur BFM Business, l'ancien vice-président d'Arianespace, Bertrand Vilmer, rappelle les enjeux d'Ariane 6… qui sont encore très éloignés de la science-fiction.

Ariane 6 va révolutionner l'espace. Mais à son échelle. Car si toutes les agences spatiales visent désormais la Lune, voire même Mars, peu d'entre elles peuvent, en réalité, se le permettre, surtout pour des vols habités.

"Il y a un point commun entre l'Europe et les Etats-Unis depuis neuf ans, c'est que ni l'Europe ni les Etats-Unis ne sont capables d'envoyer un homme dans l'espace" explique mardi sur BFM Business dans l'émission "12h, l'Heure H" l'ancien vice-président d'Arianespace, Bertrand Vilmer. "Depuis l'arrêt de la navette spatiale en 2015, les Américains sont obligés de passer par des vaisseaux russes et l'Europe n'a jamais été capable de lancer un homme dans l'espace."

"Alors avant de parler de conquête de la Lune, il faut peut-être commencer par le début" tranche-t-il. "Ariane 5 a été (…) conçu au départ pour pouvoir, avec des modifications, envoyer un homme dans l'espace. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas d'Ariane 6."

Pour quelles raisons? Avant tout une question financière. L'Europe donne finalement "assez peu d'argent pour le spatial, par rapport aux Etats-Unis et à la Russie" explique Bertrand Vilmer. "Il y a vraiment une différence extrêmement importante de dotations aux agences spatiales."

"Un choix politique"

Surtout en comparant les sommes investies par les Américains lors de la conquête spatiale des années 1960. "L'effet financier était absolument considérable" témoigne Bertrand Vilmer. "L'Europe est vraiment le parent pauvre" même si "c'est en train d'être modifié." En témoigne le budget de 14,4 milliards d'euros voté par les 22 pays membres de l'Agence spatiale européenne, fin novembre. 

Mais laisser l'exploration spatiale aux autres est aussi "un choix politique des Etats-membres de l'agence spatiale européenne et de la Commission" qui préfèrent s'orienter "vers d'autres grands projets" comme ceux sur la surveillance de la Terre ou comme Galileo, le GPS européen.

Thomas Leroy