BFM Business
Services

Pourquoi l'Europe ne reprendra pas la constellation de satellites OneWeb après sa faillite

-

- - Oneweb

L'entreprise, qui a déjà envoyé 74 satellites en orbite, a demandé à être placée sous la protection du régime américain des faillites. Si les repreneurs se bousculent pour ce dispositif destiné à déployer le très haut débit sur toute la planète, Thierry Breton a fermé la porte à une potentielle reprise européenne.

Qui pour reprendre en main la constellation OneWeb? L'entreprise a finalement été contrainte, en mars dernier, de se placer sous la protection du régime américain des faillites, incapable de finaliser l'énorme levée de fonds (2 milliards de dollars) pour effacer ses dettes et poursuivre son expansion. Un crève-cœur pour l'entreprise qui entend généraliser le très haut débit sur la planète grâce à ses centaines de satellites connectés entre eux. Déjà 74 d'entre eux sont en orbite basse sur les quelques 648 nécessaires pour couvrir tout le globe.

D'ores et déjà, plusieurs acteurs s'intéressent de près à une reprise de l'activité. Selon le Financial Times, les Britanniques seraient en pole position, dans le cadre d'un partenariat public-privé. Londres souhaiterait ajouter un système de navigation. Le Canada ou encore l'Inde sont aussi en lice.

Breton referme le dossier

Et l'Union européenne dans tout cela ? Un consortium était bien sur les rangs, mené par Airbus qui possède 8% du capital de OneWeb et qui fabrique d'ailleurs les satellites en question. Avec Arianespace, Eutelsat et l'aide publique, les Européens avaient la possibilité de faire une offre, d'autant que OneWeb, en tant que précurseur, détient des fréquences très intéressantes.

Finalement, l'UE n'entrera pas dans la bataille. D'abord pour des raisons financières: le projet coûte cher, sans forcément avoir encore prouvé son efficacité. Surtout, les industriels sont trop occupés à gérer la crise pour mener à bien ce projet.

Ce jeudi, le commissaire européen Thierry Breton s'est justifié dans Le Figaro. "Nous avons regardé le dossier, y compris dans son volet technique" explique-t-il. "Dans toute faillite, il n’y a sans doute pas qu’une seule raison. Il nous est apparu très vite que OneWeb ne pouvait répondre à nos ambitions de connectivité et d’autonomie stratégiques."

Système alternatif

Et de poursuivre : "OneWeb utilise deux bandes de fréquence (Ka et Ku) qui ne couvriraient que partiellement nos besoins." En effet, des problèmes d’uniformisation des récepteurs, entre les différents pays, rendent compliquée l'utilisation de la bande Ka en Europe, tandis que la bande Ku est plutôt utilisée en Afrique.

Dans ce contexte, l'Europe compte néanmoins lancer son propre système de constellation. "L’Europe ne peut évidemment se retrouver en situation de dépendance. Il est donc souhaitable qu’elle se dote, dans la décennie qui vient, d’un système de satellites alliant des satellites géostationnaires et une constellation LEO (moyenne orbite), équipés de systèmes cryptés et de technologies quantiques" a plaidé Thierry Breton. Il ne reste donc plus qu'à joindre la parole aux actes. Et c'est souvent le talon d'Achille de cette Europe.

Thomas Leroy