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Quel avenir pour la station spatiale internationale?

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Vieillissante et coûteuse, la station spatiale internationale (ISS) voit sa mise hors service être régulièrement reportée. En réalité, le rôle des nouveaux acteurs privés sera déterminant pour la structure en orbite.

La station spatiale internationale (ISS) vit-elle ses dernières années? Mieux vaut ne pas l'enterrer trop vite. Alors que la firme américaine SpaceX s'apprête à envoyer sa première capsule habitée vers ISS, le module (en réalité ce sont plusieurs modules assemblés) continue d'alimenter les critiques depuis plusieurs années.

D'abord son coût : 150 milliards de dollars investis depuis 1998 auxquels il faut ajouter entre 3 et 4 milliard de dollars d'entretien annuel. Une somme exorbitante, supportée en grande partie par l'agence spatiale américaine, la Nasa. Si bien qu'en 2018, Donald Trump annonçait sa volonté de privatiser la station, pour allouer le financement à d'autres projets spatiaux, comme le retour sur la Lune ou l'exploration vers Mars.

Sur le plan scientifique, la station s'est avérée être un fantastique laboratoire et une excellente manière d'étudier les hommes dans l'espace. En janvier 2020, l'Américaine Christina Koch est revenue sur Terre après 328 jours en orbite, un record pour une femme. En 2015, Scott Kelly est resté près d'un an dans l'ISS, quand son jumeau est resté sur Terre: une façon de comprendre l'impact physiologique de l'espace sur les hommes qui se préparent à voyager sur Mars.

Mais tout cela en vaut-il le coût ? Le financement de la station reste son talon d'Achille. Et si les Etats traînent un peu des pieds pour la maintenir en vie, ils refusent encore de la lâcher. Alors qu'elle devait être mise hors service en 2020, elle a finalement gagné 4 années supplémentaires. Puis 4 autres, repoussant sa fermeture à 2028. ISS fêtera alors ses 30 ans.

Si la station est maintenue sous perfusion, c'est d'abord parce que les projets qui doivent prendre sa suite peinent à émerger et pourraient bien être retardés par la crise économique. L'autre raison, c'est que les scientifiques ne savent pas comment s'en débarrasser. Il faudrait trouver un moyen de désorbiter ce mastodonte pour l'envoyer se pulvériser au-dessus du Pacifique. Complexe et très cher. Sans surprise, aucun Etat n'est particulièrement pressé de s'en charger et le report arrange finalement tout le monde. 

Un hôtel dans l'espace

Reste donc à lui trouver un modèle économiques. Et rien de mieux que le privé pour tenter de dégager de l'argent grâce à la station spatiale internationale. Sauf que les candidats ne se pressent pas, compte tenu des sommes à engager. Que faire de ces modules? L'Américain Robert Bigelow aimerait en faire un hôtel. Son entreprise Bigelow Aerospace a déjà accroché, en 2016, un module gonflable qui pourrait bien être l'avenir des constructions spatiales. Coût d'une nuit ? 35.000 dollars, billet non compris.

Et sans navette, impossible de s'y rendre. Alors le lancement de la capsule habitée de SpaceX, ce samedi, est majeur pour la survie d'ISS. Non seulement il permet aux Américains de se passer du lanceur russe Soyouz mais il promet aussi des voyages moins chers vers l'espace, grâce à son lanceur réutilisable.

Pour autant, ISS ne pourra pas durer éternellement et les acteurs du tourisme spatial pourraient bien finir par s'en détourner au profit de structures plus modernes. A défaut d'être réduite en cendres, ISS pourrait alors jouer les musées de l'espace.

L'expérience des jumeaux

Comment l'espace agit-il sur les hommes? La Nasa a envoyé Scott Kelly un an dans l'espace et laissé son jumeau sur Terre. Résultat : le corps de Scott s'est adapté au grand vide, son artère carotide s'est notamment épaissie. Une fois revenue sur Terre, tout est revenu à la normale. Une bonne nouvelle dans l'optique de longs voyages vers Mars.

Quelles futures stations pour l'exploration spatiale?

La conquête de l'espace se poursuit. Dans un premier temps, les Américains comptent retourner sur la Lune en s'appuyant sur une nouvelle station baptisée Lunar Orbital Platform-Gateway. Et c'est SpaceX qui sera chargé des livraisons depuis la Terre. De son côté, la Chine prépare l'envoi de sa propre station Tiangong 3.

Thomas Leroy