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Smartphone pliable : « Samsung devait marquer le coup, mais… »

Le Samsung Galaxy Fold.

Le Samsung Galaxy Fold. - JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Le numéro un mondial des smartphones, en difficulté, a marqué les esprits avec ce terminal innovant. Plus que les volumes, Samsung entend affirmer qu’il reprend la main.

Après des mois d’attente et de rumeurs, Samsung a finalement dévoilé ce mercredi soir le premier vrai smartphone pliable du marché, le Galaxy Fold. Et comme prévu, il a marqué les esprits, avec son écran super fin qui se déplie pour transformer le smartphone en tablette de 7 pouces. Le prix a tout autant marqué : il faudra débourser près de 2000 dollars pour s’offrir le bijou. Même Apple n’avait pas osé.

Dans un marché mondial du smartphone saturé qui s’essouffle et où Samsung souffre particulièrement (sa part de marché a quasiment perdu 2 points en un an), il s’agissait donc de reprendre la main. Notamment en terme d’image face à des acteurs chinois innovants et agressifs comme Huawei qui ne cache pas son intention de détrôner le sud-coréen.

« Samsung est le numéro un mondial mais face à la concurrence il était obligé de montrer qu’ils créent une rupture. C’est désormais chose faite », commente Thomas Husson, VP et analyste principal pour le cabinet Forrester.

« Rien n’a été laissé au hasard, la présentation a été faite sur les terres d’Apple, manière de leur signifier leurs ambitions. Et en effet, Samsung a créé une nouvelle catégorie de produit et démontre sa capacité à se différencier technologiquement », poursuit-il.

Une vitrine, un marqueur pour soutenir le reste de la gamme

Pour autant, à 2000 dollars le smartphone, il y a peu de chances de générer du volume, en tout cas dans un premier temps. Il s’agit bien d’une vitrine, d’un marqueur de ce que Samsung est capable de faire, afin de valoriser le reste de la gamme qui doit, elle permettre au fabricant de repartir de l’avant.

« Il s’agit bien plus d’un enjeu de communication, ce Galaxy Fold doit faire office de halo pour la marque », poursuit Thomas Husson.

Ce nouveau format va-t-il néanmoins créer un nouveau standard de forme permettant au marché du smartphone de trouver un nouveau souffle ? « Difficile à dire car il faut encore démontrer la valeur d’usage des smartphones pliables. Samsung a montré des choses intéressantes comme le fait de faire cohabiter sur l’écran plusieurs applications simultanément et de pouvoir interagir entre elles. Néanmoins il reste beaucoup de choses à optimiser comme la question de la batterie. Mais il y a fort à parier que d’autres fabricants s’engouffrent dans la brèche, mais dire que cela va devenir un standard, c’est encore trop tôt ».

Pour Samsung, le levier se nomme Galaxy S10, le nouveau modèle premium de la marque, décliné en 3 versions, et qui doit venir agresser Apple et Huawei. Mais Thomas Husson doute que cela suffise.

« C’est comme d’habitude une amélioration incrémentale de l’existant. Avec un tarif compris entre 750 et 1000 dollars, ce modèle reste compétitif mais Huawei est sur le point de présenter sa contre-attaque, l’enjeu pour Samsung est de conserver sa première place ». Samsung a encore une belle avance : quand le chinois a écoulé 203 millions de smartphones en 2018, le sud-coréen en a vendu 295 millions. Mais la croissance est clairement du côté de Huawei et le S10 doit casser cette dynamique.

Avec la 5G ? Un des modèles est en effet compatible avec la future norme. Mais là encore, on joue plus sur le terrain de la com. « Il n’y a pas de valeur ajoutée car on est encore loin des déploiements. C’est un argument d’image pour dire : nous sommes les premiers ».

Olivier CHICHEPORTICHE