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Solar Orbiter: une sonde au plus près du Soleil pour prévenir les blackouts industriels

L'agence spatiale européenne et son homologue américaine, la Nasa, ont envoyé une sonde d'étude du Soleil. L'objectif est de surveiller les activités de notre astre dont les éruptions peuvent s'avérer destructrices pour les satellites et les installations électriques terrestres.

S'approcher à près de 42 millions de kilomètres du Soleil… C'est le défi de la sonde internationale Solar Orbiter, qui a été envoyée dans l'espace ce lundi matin depuis Cap Canaveral en Floride. La distance semble énorme mais la température qu'elle devra alors supporter avoisinera les 500 degrés. Jamais l'homme ne s'était approché si près de son étoile, 109 fois plus grande que la Terre, et dont la température à la surface dépasse les 5.000 degrés Celsius.

La sonde de l'agence spatiale européenne (avec une forte participation de la Nasa) aura pour objectif d'étudier la physique du Soleil et de l'héliosphère, c'est-à-dire les vents solaires, visibles sur Terre sous la formes d'aurores boréales.

Blackout à Montréal

Si la mission est avant tout scientifique, elle s'avère aussi majeure pour l'industrie spatiale. Car si les vents solaires sont généralement inoffensifs, l'étoile peut parfois dégager une énergie autrement plus puissante, lors d'éruptions gigantesques à sa surface. En 1989, Montréal a ainsi été touché par un orage magnétique, plongeant trois millions de personnes dans le noir pendant près de neuf heures. 

Si un évènement aussi important reste rare, des éruptions solaires provoquent ponctuellement des conséquences notables dans le secteur de l'aviation, avec des perturbations dans les communications, et surtout dans celui des satellites. Car si la Terre est protégée par son champs magnétique, les satellites sont davantage exposés. D'autant plus que leur nombre a explosé : en 1989, un seul engin avait été envoyé dans l'espace contre 375 en 2018. Et l'arrivée des constellations de satellites dans les années à venir rend l'enjeu de Solar Orbiter bien plus important encore.

2.000 milliards de dollars de dégâts

Reste qu'il faudrait néanmoins une "super éruption" pour réellement endommager tout le parc de satellites. "Le risque est très modéré mais pas nul" indiquait en 2015 l'astrophysicien Francis Rocard à L'Express, rappelant que le Soleil fonctionne par cycles d'activité. Le prochain pic aura lieu autour de 2025, avec le risque de revoir une tempête digne de celle de 1859, d'une rare violence. Selon une étude de l'Académie des sciences des Etats-Unis, réalisée en 2009, une éruption similaire coûterait au moins 2.000 milliards de dollars à l'économie américaine

Les indications de Solar Orbiter devraient permettre au moins d'anticiper à l'avance (jusqu’à 27 jour) les fortes éruptions, dont l'énergie met ensuite environ trois jours à atteindre la Terre. Les satellites pourront alors être temporairement mis en veille, à défaut d'être protégés. "Si on sait qu'il va y avoir une éruption solaire, on peut rendre les disjoncteurs un peu moins sensibles et donc éviter une coupure générale de courant" détaille Jean-Yves Le Gall, président du Cnes, invité sur le plateau de Good Morning Business. Lancée ce lundi, la sonde devrait commencer à travailler en 2022.

Une catastrophe évitée de peu en 2012

En juillet 2012, une énorme éruption solaire a projeté dans l'espace une tempête particulièrement puissante et potentiellement destructrice. Heureusement, la Terre n'était pas dans la région concernée, à une semaine près. Si elle avait été touchée, les dégâts auraient été très importants sur le réseau électrique mondial.

Thomas Leroy