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Tesla: ultime provocation de l'année

Elon Musk nomme administrateur indépendant son "très proche ami" Larry Ellison, fondateur d'Oracle

Elon Musk nomme administrateur indépendant son "très proche ami" Larry Ellison, fondateur d'Oracle - -

Elon Musk voit poindre de nouvelles menaces

A première vue Tesla rentre dans le rang et se plie aux exigences des régulateurs boursiers américains de la SEC. En annonçant la nomination de deux administrateurs indépendants, dont Larry Ellison, le co-fondateur d'Oracle, il répond aux exigences des régulateurs américains en matière d'indépendance du conseil. Une décision qui s'inscrit dans le cadre d'un accord entre Securities and Exchange Commission (SEC) et Tesla en vertu duquel Tesla et Elon Musk ont accepté de s'acquitter chacun d'une amende de 20 millions de dollars. Elon Musk s'était aussi engagé à quitter la présidence du groupe tout en conservant le poste de directeur général.

Tesla espère enfin tourner la page d’un tweet de son patron qui avait annoncé début août vouloir racheter l’intégralité du capital de la compagnie au prix de 420 dollars par action, affirmant qu’il avait le financement nécessaire, ce qui n’était manifestement pas le cas. Le projet était finalement abandonné quelques jours plus tard, mais entre temps le titre Tesla avait fait de tels bonds que le marché s’en était ému et avait lourdement condamné la manœuvre.

Tesla a également nommé à son conseil d'administration Kathleen Wilson-Thompson, directrice des ressources humaines d'Ellison et Walgreens Boots Alliance. Le problème c’est bien le degré « d’indépendance » de Larry Ellison, homme d’affaire tout aussi fantasque qu’Elon Musk (et tout aussi génial) , qui n’a jamais caché son admiration pour le fondateur de Tesla. En octobre dernier il avait révélé avoir acquis 3 millions d’actions Tesla, ce qui en ferait le deuxième plus gros investisseur dans le groupe, après Elon Musk : « je ne suis pas sûr que les gens sachent que je suis un ami très proche d’Elon Musk, et que je suis un très gros investisseur dans Tesla » avait-il alors commenté. En revanche, l’idée de placer au conseil une spécialiste des ressources humaines, est unanimement salué. L’année restera marqué par le burn out spectaculaire d’Elon Musk et une interview surréaliste au New-York Times au cours de laquelle il avait avoué passer des nuits blanches à l’usine et avoir recours à différentes catégories de stupéfiants pour tenir le coup

Néanmoins, le marché a envie d’y croire, face à un secteur de la tech massacré en bourse sur les eux derniers mois, le titre Tesla finit la semaine sur une hausse de 13% et pourra même s’inscrire en hausse de 7% sur l’année (avant la dernière séance)

La menace Jaguar

Il était temps de tourner la page car les enjeux 2019 restent considérables. Une alerte s’est déclenché en Norvège, pays test car aucun marché au monde ne compte proportionnellement autant de Tesla que la Norvège, où plus de 26.000 modèles S et X sont immatriculés. Or ses ventes y sont en chute libre sur l’année 2018, une baisse de 40% alors que le marché de la voiture électrique dans le pays reste en hausse de 38%. L’explication ? Jaguar. Le constructeur britannique a vendu 949 unités de sa i-pace sur le seul quatrième trimestre et semble prendre un rythme comparable à celui de Tesla l’année dernière. Audi ne reste pas inerte et est en train d’accélérer la mise en place de son eTron.

Tesla a-t-il les moyens de faire face ? Le dernier bilan de production publié début octobre semble permettre de répondre par l’affirmative. Tesla avait produit 53.329 Model 3 (présentée comme l’arme de la reconquête) contre 28.578 unités au trimestre précédent. Tesla pouvait aussi faire état d’une nette amélioration sur les livraisons qui s’étaient révélées comme le nouveau point noir de l’été, « nous sommes passés d’un enfer de production à un enfer de livraisons » écrivait d’ailleurs Elon Musk en septembre. Le « fixer » Jérome Guillen, nouveau « Président de la division automobile » est maintenant en charge directe des usines. C’est lui qui est à l’origine de la gigantesque tente, grande comme deux terrains de football, érigée sur le parking de l’usine de Fremont et dans laquelle a été installée une troisième ligne d’assemblage permettant à Tesla de franchir enfin le cap de production exigé par la demande et rétablissant un flux de trésorerie positif.