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Theresa May appelle à "réglementer le cyberespace"

La Première ministre britannique a appelé dimanche 4 juin à combattre "l'idéologie terroriste" qui se répand via les réseaux sociaux.

La Première ministre britannique a appelé dimanche 4 juin à combattre "l'idéologie terroriste" qui se répand via les réseaux sociaux. - Justin Tallis - AFP

La Première ministre britannique s'en est pris dimanche aux géants du Net, accusés de fournir aux terroristes des plateformes où ils peuvent librement propager leurs idéologies extrémistes. Elle appelle les gouvernements à travailler ensemble afin d'empêcher la diffusion de ces idées sur Internet.

Ne plus donner de répit aux terroristes sur la Toile. S'exprimant dimanche 4 juin, au lendemain de l'attentat survenu à Londres, Theresa May a estimé qu'il fallait "éliminer les espaces sécurisés" en ligne dont profitent les terroristes. Elle a également appelé à davantage "réglementer le cyberespace" afin d'éviter la diffusion de toute idéologie extrémiste.

Dans son discours, la Première ministre britannique a pointé du doigt les géants du Net, et plus particulièrement les réseaux sociaux comme Facebook et Twitter, dont les services profitent aux terroristes. 

"Nous ne devons pas laisser à cette idéologie l'espace sécurisé dont elle a besoin pour se propager. Pourtant, c'est précisément ce que fournit l'Internet ainsi que les grandes entreprises qui fournissent des services basés sur Internet. Nous devons travailler avec des gouvernements alliés et démocratiques pour parvenir à des accords internationaux qui réglementent le cyberespace pour empêcher la propagation de l'extrémisme et de la planification du terrorisme. Et nous devons faire tout ce que nous pouvons chez nous pour réduire les risques d'extrémisme en ligne", a-t-elle expliqué. 

Theresa May a estimé par ailleurs que la menace terroriste était désormais "plus complexe, plus fragmentée, plus cachée". En particulier sur Internet. Par conséquent, elle souhaite passer en revue la stratégie anti-terroriste de son pays pour vérifier si les forces de l’ordre ont bien "les pouvoirs dont ils ont besoin". Un durcissement de la loi sur la surveillance numérique est donc à craindre alors même que le Royaume-Uni dispose déjà d’une des lois les plus liberticides du monde, depuis le vote en 2016 de l’Investigatory Powers Act..

WhatsApp, Telegram et consorts dans le viseur 

Cette loi permet, notamment, une collecte de masse indifférenciée de données de communications et permet aux forces de l’ordre de pirater les équipements informatiques des particuliers. Elle permet également de contraindre les opérateurs télécoms à coopérer dans la surveillance numérique, par exemple en déchiffrant leurs flux, comme le précise l’association Electronic Frontier Foundation. À l’époque, le gouvernement britannique souhaitait également inclure les fournisseurs de services de messagerie dans cette loi, pour accéder aux données de communication de WhatsApp, Telegram et consorts. Mais il a finalement abandonné cette idée, suite à une levée de boucliers de la part des défenseurs des droits citoyens.

À la suite de ces nouveaux événements tragiques, la croisade contre les messageries chiffrées risque donc de repartir de plus belle, et cela en dépit du bon sens. Les experts en sécurité ont déjà affirmé maintes fois qu’affaiblir la sécurité de ces logiciels commerciaux n’allait pas résoudre le problème du terrorisme, dans la mesure où il existe également des logiciels open source disponibles sur le Web et que les groupes terroristes peuvent développer leurs propres plateformes de communication. Au final, ce serait surtout les utilisateurs normaux qui pâtiraient d’une telle mesure, car ils ne bénéficieraient plus d’une protection adéquate de leur vie privée.

A.M. avec 01Net.com