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Thierry Breton : "je ne suis pas naïf" sur Huawei et les aides de l'Etat chinois

Le nouveau commissaire européen, qui est notamment chargé du numérique, compte surveiller de près les équipementiers étrangers qui veulent déployer la 5G en Europe. "Il faut avoir un regard au niveau européen", indique-t-il sur BFM Business.

C'est l'un des nouveaux hommes forts de Bruxelles. L'ancien ministre de l'Economie (de 2005 à 2007) Thierry Breton était invité ce lundi sur BFM Business, alors que la nouvelle Commission européenne a été officiellement intronisée dimanche. Doté d'un large portefeuille au sein de cette nouvelle équipe, l'ancien patron d'Atos est notamment en charge du numérique avec un sujet majeur, celui du déploiement de la 5G, dans un contexte de fortes suspicions autour de l'opérateur chinois Huawei.

Si les Américains accusent ouvertement l'équipementier d'espionnage, une autre question, celle des subventions de l'Etat chinois, agite certains pays européens qui y voient une concurrence déloyale. "Il est indispensable que l'Europe soit de plus en plus maîtresse de son destin en matière de technologie clé, y compris la 5G et bientôt (…) la 6G" indique le nouveau commissaire, qui souligne qu'il fera "en sorte qu'on ne rate pas le chemin 6G" après les retards sur la 5G.

"Il faut évidemment avoir des fournisseurs européens" poursuit-il. "Il se trouve qu'on en a deux (Ericsson et Nokia, NDLR)." La réponse européenne existe donc bien. "Alors encore faut-il qu'elle soit compétitive", indique l'ancien patron de France Télécom.

Maintenir une concurrence saine et loyale

Mais de rappeler : "s'il y a des concurrents, bien entendu, on est libre". Mais il s'agira tout de même de "vérifier que la concurrence est saine et loyale et notamment en ce qui concerne les prix", ces concurrents ne bénéficient pas "d'aides d'Etat." Les équipementiers chinois sont évidemment visés. "Il faut regarder très précisément, et croyez-moi la Commission (…) a les outils pour le faire" promet-il, assurant qu'il n'était "pas naïf" sur cette question.

Il a enfin indiqué que ces questions de sécurité sont aujourd'hui "traitées au niveau national" mais qu'il fallait avoir "un regard au niveau européen", puisque ces réseaux sont "interconnectés" en Europe. "Il est indispensable que l'Europe ait une position commune" a-t-il martelé. Il a ainsi annoncé la création "d'un centre de compétences de cybersécurité qui précisément sera chargé, au niveau européen, de définir ces normes pour le continent."

Thomas Leroy