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Tour d'horizon des expérimentations industrielles de la 5G en France

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- - Ethan Miller / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Onze programmes-test vont être déployés, dont 6 à vocation industrielle ou professionnelle. Mais les déploiements de projets B2B à grande échelle prendront du temps, le régulateur semblant privilégier les applications centrées sur le consommateur.

Une chose est sûre, à l’image du cloud ou de la fibre optique, la 5G sera un levier important pour la transformation numérique des entreprises. La 5G, la cinquième génération des normes de téléphonie mobile, c'est d'abord la promesse d'une accélération du débit par rapport à la 4G, jusqu'à plusieurs gigabits par seconde. Elle offre davantage de capacités et une latence très basse, en deçà de la milliseconde, contre 25 à 40 ms en 4G. Soit un atout majeur pour faire communiquer les millions d'objets connectés actuellement déployés.

Mais pas seulement. La voiture autonome, les domaines industriels tels que la logistique, la supply-chain, la gestion de flottes, la vidéo-surveillance, ou encore la médecine à distance et les relevés en temps réel: autant d’activités qui prendront une nouvelle dimension avec la 5G. 

Le régulateur des télécoms a voulu très tôt impliquer les industriels dans le cadre d'un appel à expérimentations, dans une logique 'test and learn'. Peu ont néanmoins répondu à cet appel, circonspects face aux gains de cette 5G.

Néanmoins, l'Arcep a annoncé le lundi le lancement de 11 plates-formes de test en grandeur nature.

"Plusieurs projets sont portés par des "verticaux" ou des consortiums non spécialistes des télécommunications", indique l'Autorité dans un communiqué. Sur les 11 projets retenus, 6 ont une vocation professionnelle ou industrielle. Mais aucun ne couvre les domaines de la voiture autonome (pas de constructeurs automobiles engagés) ou encore de l'usine dynamique.

-Vélodrome national de Saint-Quentin-en-Yvelines

Il s'agit de répondre aux enjeux de ce futur site olympique avec Nokia, Qualcomm, Airbus ainsi que France Télévisions. Les cas d’usages iront de restitutions sportives augmentées des compétitions, à celles liées aux évolutions des équipements audio et vidéo fixes et mobiles, ou par exemple à l’adaptation de l’IA (intelligence artificielle) dans les médias sportifs. 

-Port du Havre

Associé aux industriels de la zone portuaire, le port prévoit une plateforme
d’expérimentations 5G lui permettant d’explorer et de tester des applications de la 5G dans un contexte portuaire et industriel. Les applications relevant du domaine de l’énergie sont notamment envisagées, telles, que le pilotage de smart grids ou la recharge de véhicules électriques. D'autres cibleront davantage les opérations logistiques sur le territoire portuaire, notamment l’exploitation des terminaux à conteneurs, en lien avec la communauté urbaine.

-Gare SNCF de Lyon Part-Dieu

Bouygues Telecom y testera, en lien avec SNCF, à la fois des usages grand
public, ainsi qu’à destination des agents et du système d’information SNCF (extraction de grandes quantités de données techniques des trains à quai).

-Zone industrielle de Saint-Priest

La plateforme d’expérimentations 5G aura pour objectif de tester des usages B2B, à destination des nombreuses entreprises de la zone industrielle de la ville en complément des accès à Internet par la fibre optique. Ce gain de connectivité pour les TPE et PME vise à accompagner la digitalisation des entreprises et l’émergence de l’IoT Haut Débit dans l’Industrie.

-Gare SNCF de Rennes

Des cas d’usages à la fois destinés aux passagers et aux outils métiers des agents SNCF seront testés. Pour ces derniers, la 5G permettrait d’imaginer des applications nécessitant un ultra haut débit (formation en réalité augmentée, maintenance à distance en réalité augmentée, traitement massif de données de pilotage des trains).

-Vélizy et Meudon

La plateforme d’expérimentations 5G pourra bénéficier de la forte densité d’entreprises innovantes dans le secteur. Après une première phase de déploiement technique, ces réseaux seront ouverts à des tiers, non spécialistes des télécoms, qui pourront venir tester ou proposer leurs services.

"L’objectif de cet appel était de favoriser l’appropriation par l’ensemble des acteurs des possibilités offertes par cette bande de fréquences, et d’identifier les nouveaux usages de la 5G", souligne l'Arcep.

C'est une phase essentielle mais qui ne préfigure pas encore de déploiements concrets à grande échelle en 2020, année du lancement commercial de la 5G.

"Ca va prendre du temps", nous confie Franck Bouétard, PDG d’Ericsson France, un des équipementiers télécoms qui déploie les réseaux 5G pour les opérateurs, comme Huawei et Nokia. "On observe des tests en cours mais pas de déploiements. Pourtant, si la 5G est une évolution technologique, c'est d'abord une révolution du business".

La faute à une régulation trop axée sur les consommateurs, au détriment des usages industriels, estime le responsable.

Olivier Chicheportiche