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Avec ces lunettes, on peut apprécier un spectacle en VO sans être polyglotte

VIDÉO - Si au cinéma, les sous-titrages sont monnaie courante, ils sont plus rares pour les spectacles vivants. Et surtout peu pratiques. L'entreprise Theatre in Paris a développé une solution utilisant des lunettes de réalité augmentée.

De nombreux touristes étrangers viennent visiter l'opéra Garnier, mais ils sont peu nombreux à s'offrir un billet pour découvrir la dernière mise en scène de Willy Decker. Notamment à cause de la barrière de la langue. Mais cet écueil va bientôt tomber. Les représentations de Don Pasquale de Gaetano Donizetti, qui débutent au mois de juin, vont bénéficier d'un nouveau dispositif. Les spectateurs non-francophones vont pouvoir s'équiper de lunettes qui affichent les sous-titres en réalité augmentée, dans leur langue maternelle.

La solution est développée par Theatre in Paris, une entreprise franco-allemande qui s'est spécialisée dans le surtitrage des spectacles vivants depuis quatre ans. Mais habituellement, cette société, coup de coeur du jury du Prix franco-allemand de l’économie 2017, a recours à des écrans, qui offrent un confort limité. Déjà parce que le spectateur est obligé de tourner la tête constamment pour lire le texte et regarder le spectacle.

"Le dispositif est aussi plus ou moins visible selon la place occupée dans la salle", pointe du doigt Carl de Poncins, fondateur de Theatre In Paris. De plus, le sous-titrage au-dessus de la scène ne propose qu'une seule langue, le plus fréquemment l'anglais, ce qui élimine une bonne partie du public étranger. "Les lunettes sont bien plus confortables, l'œil n'a pas à faire d'effort d'accommodation. Le texte apparaît comme flottant devant la scène", met en avant le chef d'entreprise. Et le spectateur a le choix entre six langues.

Développer l'exportation des spectacles français

Avec cette solution, Theatre in Paris compte faire tomber la barrière linguistique. À la fois pour qu'un public non-francophone puisse venir dans les salles de spectacles en France. Des tours opérateurs peuvent ainsi ajouter dans leur programme des sorties théâtrales. Cela peut aussi être un moyen de remercier de généreux mécènes étrangers: grâce aux lunettes ils auront droit à une représentation personnalisée dans leur langue.

Mais le sous-titrage en réalité augmentée est également un argument pour développer l'exportation des spectacles produits en France. Des programmateurs étrangers peuvent ainsi assister à ces représentations en vue de les acheter pour leurs salles, comme cela s'est passé en juillet lors d'une expérimentation au Festival d'Avignon. "Mais dans le cas de ces futures représentations à l'étranger, la traduction sera diffusée sur des écrans", souligne Carl de Poncins. Car l'équipement coûte cher.

Theatre In Paris a fait le choix des lunettes Moverio, développée par Epson, d'une valeur d'environ 1000 euros pièce. La start-up mise sur la démocratisation de cet objet. Carl de Poncins en est persuadé: "Dans cinq ans chacun aura ses lunettes et viendra avec". À charge de Theatre In Paris de développer les applications qui diffuseront les sous-titres en surimpression. "Nous avons une équipe de traducteurs spécialisés dans le théâtre. Pour chaque représentation, un régisseur est chargé de synchroniser l'affichage du texte avec ce qui se passe sur scène", précise Carl de Poncins.

En plus du contrat signé avec l'Opéra de Paris, Theatre In Paris est en discussion finale avec le théâtre de l'Odéon qui veut proposer ses traductions pour Saigon, un spectacle de Caroline Guiela Nguyen à l'affiche dès janvier. Et Theatre in paris sera de nouveau présent au Festival d'Avignon. Son objectif : proposer ses lunettes connectées dans une vingtaine de spectacles en 2018. 

Coralie Cathelinais