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L’ancien vice-président du CNNum très remonté contre Mounir Mahjoubi

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- - Bertrand Guay - AFP

VIDÉO - Sur BFM Business, l'ancien vice-président du Conseil national du Numérique Guy Mamou Mani a lancé une charge contre le secrétaire d’État au Numérique, lui reprochant d’avoir fait exploser cet organisme chargé de conseiller le gouvernement sur les enjeux numériques.

La démission de Marie Ekeland de la présidence du Conseil national du Numérique (CNNum) suivie par la quasi-totalité des membres continue d’ébranler le microcosme du numérique français. Invité par Stéphane Soumier, Guy Mamou-Mani, actuel PDG d’Open, ex-vice-président du CNNum et ancien président du Syntec, n’a pas caché sa colère envers Mounir Mahjoubi, secrétaire d’État au Numérique et ancien président du CNNum.

Pour Guy Mamou-Mani, Marie Ekeland n’est pas responsable de la situation. "Évidemment, je n’aurais pas choisi des personnalités si clivantes, aussi radicales", indique-t-il concernant le choix de Rokhaya Diallo et du rappeur Axiom. Mais pour lui, la faute originelle revient d’abord au secrétaire d’État. Son premier tort est d’avoir "fait exploser le précédent CNNum. Il y avait trois vice-présidents et 30 personnalités très diverses qui auraient pu continuer. […] Il a laissé pourrir ce sujet pour je ne sais quelle raison. Ensuite, il demande de constituer un nouveau CNNum". Et "après avoir accepté la liste, il la renie". Une version également soutenue par Marie Ekeland qui a révélé à BFM Business lors de son unique intervention publique comme présidente du CNNum que la liste des membres avait en effet été validée par Mounir Mahjoubi, mais aussi par Édouard Philippe, Premier ministre.

"Constructif et indépendant" sans être "une force d'opposition"

Cet organisme peu connu du grand public est-il condamné à disparaître après cette affaire? Pour Guy Mamou-Mani, il faut le relancer. "Le CNNum est utile, remarquable et envié dans le monde entier car il permet d’éclairer le gouvernement dans les choix de sa stratégie numérique et d’autre part d’être un contre-pouvoir sur certains sujets".

Reste que comme l’a rappelé Mounir Mahjoubi, le rôle du CNNum est de "formuler de manière indépendante et de rendre publics des avis et des recommandations", en précisant que ce n’est "pas une association, un parti politique ou un lobby", ni même "une force d'opposition, même si conseiller peut dire quand ça ne va pas". Cette définition va rendre difficile le choix d’un successeur à Marie Ekeland et pose même question sur l’avenir de ce groupe créé pour être indépendant des choix gouvernementaux.

Mais comme l'a révélé sur Tech&Co, l'émission consacré aux high-tech sur BFM Business, Gilles Babinet, conseiller numérique de la France auprès de l’Union Européenne et premier président du CNNum nommé par Nicolas Sarkozy en 2011, Mounir Mahjoubi se serait déjà mis à l’ouvrage pour constituer une nouvelle équipe. Ce ne sera pas simple. "Le CNNum ne peut pas être un parti d’opposition, je pense qu’il faut accepter ça. Si on veut faire de la politique, il faut le faire ailleurs. Mais pour autant, il faut être capable d’avoir une vision constructive et indépendante. Mais si on considère que le marquage gouvernemental n’est pas le sien, c’est compliqué", estime Gilles Babinet qui sait de quoi il parle. En 2011, il s'était opposé à Nicolas Sarkozy sur la création de l'Hadopi, en estimant que ce n'était pas une priorité pour le numérique.

Pascal Samama