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Vivre comme si vous habitiez sur Mars, le pari fou d'Interstellar Lab, une start-up française

La société tricolore a décidé de s'appuyer sur des technologies développées en vue de la conquête spatiale pour proposer aux chercheurs mais aussi au grand public de vivre une expérience aussi surprenante que dépaysante: celle de résider dans le premier village bio-régénératif capable de résister à des conditions extrêmes... comme si vous étiez sur la planète rouge.

On connaissait déjà les projets du fantasque patron de SpaceX, Elon Musk, consistant à envoyer un équipage vers la planète rouge et à habiter sur la Lune d'ici 2024. Voici désormais un autre projet, imaginé cette fois par la Française Barbara Belvisi, cofondatrice du Hardware Club (une société spécialisée dont le financement des start-up qui innovent avec des objets). Un projet qui consiste à bâtir des habitats autosuffisants à partir des technologies développées pour la conquête spatiale.

Son nom? Interstellar Lab. Son ambition? Construire un véritable village bio-régénératif qui recréé les conditions de vie telles qu'elles le seraient sur Mars et qui verra le jour en 2021 dans le désert californien.

Passionnée par l'espace, Barbara Belvisi admet avoir toujours eu la conviction selon laquelle l'homme pourra un jour se rendre sur Mars et retourner sur la Lune. Un mois après avoir quitté le Hardware Club en mars 2018, elle décide de mettre en orbite Interstellar Lab, avec une double volonté. D'une part, celle de travailler sur des projets qui ne sont plus uniquement réservés aux chercheurs et aux astronautes. D'autre part, celle de sauver la planète. L'entrepreneuse précisant que ce qui est "nécessaire pour vivre sur Mars" peut aussi permettre de pallier la crise climatique que connaît la Terre.

Un village de 70.000 m2 en forme de fleur

Pour parvenir à cette fin, elle a imaginé (grâce à un mélange de technologies existantes développées maison) un circuit fermé permettant de recycler l'eau, la nourriture et l'énergie solaire afin de réussir à faire vivre jusqu'à 105 personnes dans son premier village autonome.

Répondant au nom d'"Ebios" pour "Experimental BIOregenerative Station", le village de 70.000 m2, organisé en forme de fleur, sera bâti, dans un premier temps, en plein cœur du désert de Mojave aux Etats-Unis. Un second village devrait également ouvrir ses portes en Floride, près de Cap Canaveral, suivi d'un autre site implanté en Europe cette fois dans les années à venir.

Dans les faits, des villages pensés comme ceux d'Interstellar Lab existent déjà dans le monde. La particularité de celui développé par la start-up française repose non seulement sur son prix (les installations qui sortiront de terre ne devraient pas coûter plus de 30 millions d'euros l'unité, contre 100 millions pour celles qui existent déjà). Mais ce qui fait aussi et surtout la force de ce futur village "martien", c'est avant tout son ouverture au public. Les maisons qui composent le village seront, en effet, proposées aux chercheurs une partie de l'année et au grand public les autres mois.

"Center Parcs de la science"

Au micro de BFM Business, Barbara Belvisi se réjouit d'être parvenue à mettre sur pied un projet spatial qui ne s'adresse pas seulement aux chercheurs et aux astronautes.

"Ce que l'on a réussi à faire - et là où d'autres acteurs aujourd'hui n'ont pas encore trouvé la solution - c'est que l'on a structuré la société pour qu'elle ait un business model viable. Nos centres et nos stations, on les organise à la fois comme des lieux de recherche scientifique et des endroits où les astronautes vont pouvoir s'entraîner, mais aussi on les ouvre au grand public. Donc quelque part, c'est un petit peu comme un Center Parcs de la science", assure la cofondatrice d'Interstellar Lab.

Un village dont la vocation est aussi d'éveiller les consciences face à la nécessité de plus en plus prégnante de préserver la planète. Là-bas, les résidents pourront apprendre à vivre "en autonomie de manière régénérative", souligne Barbara Belvisi. A cela, s'ajoute la possibilité pour le grand public de côtoyer et de collaborer avec des astronautes pour, détaille l'entrepreneure, "mieux comprendre le monde dans lequel on pourra vivre demain".

Mais cette expérience à un prix. Pour jouer sur Terre au martien, il faudra débourser entre 3.000 et 6.000 euros par personne la semaine. Pas de quoi pour autant freiner les rêves d'évasion des aficionados de l'espace. Le village n'a pas encore vu le jour que la liste d'attente en direction d'Ebios serait déjà longue.

Julie Cohen-Heurton