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Xerox estime que le refus d'HP d'accepter son OPA "défie toute logique"

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- - Lionel Morillon - 01net.com

Faute d'accord avec la direction, Xerox va s'adresser directement aux actionnaires d'HP avec sa proposition de rachat à 33 milliards de dollars.

A la suite du double refus de la direction d'HP d'accepter une offre "amicale" de rachat, Xerox passe comme prévu à l'étape suivante. Le groupe a ainsi lancé mardi la bataille pour gagner le coeur des actionnaires et s'en prend vivement au conseil d'administration d'HP à travers une lettre qui lui est adressé.

"Votre refus d'engager des pourparlers avec Xerox défie toute logique", attaque bille en tête le PDG de l'inventeur de la photocopieuse pour tous, John Visentin. Il reprend ensuite point par point les raisons avancées par HP pour rejeter les avances de Xerox pour tenter de convaincre ses actionnaires qu'une fusion entre les deux entreprise serait la meilleure option pour eux.

"Vous pouvez ne pas apprécier nos tactiques agressives mais nous ne nous excuserons pas pour autant", lance encore John Visentin avant d'affirmer: "nous allons directement nous adresser aux actionnaires de HP pour leur demander leur soutien et forcer le conseil d'administration de HP à faire ce qui est juste et à donner suite à cette proposition alléchante".

L'investisseur activiste Carl Icahn à la manoeuvre

Le 21 novembre, Xerox avait haussé le ton et posé un ultimatum à HP. "A moins que nous ne nous mettions d'accord sur une fusion amicale avant 17 heures (heure de New York) le lundi 25 novembre 2019, Xerox s'adressera directement à vos actionnaires pour les convaincre du bien-fondé de l'opération", menaçait M. Visentin dans un courrier.

Une manoeuvre agressive habituelle chez l'investisseur activiste Carl Icahn, devenu premier actionnaire de Xerox, qui a mis en place sa transformation stratégique et entend valoriser son actif. Rappelons que le raider est également actionnaire de HP à hauteur de 4,2%.

Une offre "incertaine"

Mais dès dimanche, HP avait une nouvelle fois rejeté une offre de rachat de Xerox. "Nous réitérons notre rejet de la proposition de Xerox qui sous évalue significativement HP", écrivait le PDG de l'entreprise, Enrique Lores, dans une lettre adressée à son homologue de Xerox.

HP qualifiait l'offre d'"incertaine" et soulignait en particulier qu'il n'est pas certain que Xerox puisse lever les fonds nécessaires pour honorer la partie en numéraire de son offre de quelque 33 milliards de dollars. HP juge également que le poids de la dette, trop imposant, pourrait aussi peser sur l'avenir de la nouvelle entité.

Xerox a proposé début novembre à HP de racheter l'entreprise pour 22 dollars par titre, ce qui correspond à quelque 33 milliards de dollars. Mais HP, né de la scission de Hewlett-Packard, avait déjà rapidement rejeté l'offre, la jugeant insuffisante et pas dans le meilleur intérêt de ses actionnaires.

Une fusion qui aurait du sens

HP réalise aujourd'hui un chiffre d'affaires presque six fois plus élevé que Xerox pour une capitalisation boursière trois fois plus importante, à environ 29 milliards de dollars contre 8 milliards.

Mais pour les analystes, une fusion défensive entre les deux groupes historiques aurait du sens. Les deux entreprises sont en effet face à des marchés en perte de vitesse chronique. Le WSJ évoque d'ailleurs une "initiative audacieuse qui unirait deux étoiles pâlissantes du secteur des technologies".

Le marché mondial du PC, où HP est leader, pourrait ainsi connaître sa dixième année de baisse consécutive en 2019. Début octobre, le groupe annonçait d'ailleurs la suppression de jusqu'à 9.000 emplois dans le monde afin de s'adapter aux nouvelles donnes du marché. Rappelons que cette restructuration est loin d'être la première pour HP. En 2017, 3.000 à 4.000 emplois avaient déjà été supprimés après 3.000 en 2016. 

Olivier Chicheportiche avec AFP