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Canicule : comment booster la rentabilité de votre bien ?

Et si la hausse des températures avait un impact sur la rentabilité de votre investissement immobilier ? Réchauffement climatique oblige et fortes chaleurs à venir constituent au moins deux points à considérer avant d’acheter.

Les météorologues sont formels... Les températures sont en passe de flirter avec les 40 degrés dans bon nombre de villes françaises. Des épisodes de fortes chaleurs qui font qu’aujourd’hui, les entreprises comme les particuliers réfléchissent à deux fois avant de s’installer dans une région. Aussi, l’idée selon laquelle le changement climatique pourrait avoir un impact sur la valorisation de certaines villes commence à faire son bout de chemin.

Cap à l’ouest

Des études menées par Bureau Locaux (un site de ventes et de locations de biens destinés aux entreprises) en attestent. La dernière en date met en exergue le fait que la demande des entreprises évolue sensiblement et qu’elles ont tendance, doucement mais sûrement, à opérer un déplacement vers l’ouest. Plus les années passent, plus elles cherchent à s’implanter en Bretagne ou dans des régions situées non loin de l’océan Atlantique.

Une forme de cercle vertueux pour ces contrées puisque plus l’économie locale se développe, plus l’inclinaison des particuliers à s’y rendre en vue d’y vivre augmente également. En plus d’un climat plus supportable par temps de fortes chaleurs, l’offre en matière d’emplois s’étoffe, sans compter des prix qui, comparés à ceux de Paris, se révèlent nettement plus bas.

Autant d’éléments qui doivent peser dans la balance dès lors qu’un investisseur envisage d’acquérir un bien. Et ce, que l’opération immobilière concerne une résidence principale, secondaire (pour augmenter la plus-value au moment de la revente), ou un logement locatif (histoire que les loyers pratiqués tendent plutôt vers le haut compte tenu de l’attractivité et du caractère agréable de la région où se situe le bien).

Tout sauf les « passoires »

A l’heure où le Sénat s’apprête à renforcer les mesures visant à diminuer le nombre de logements qualifiés de « passoires thermiques » parce qu’ils se révèlent mal isolés et qu’ils font, de ce fait, entrer le froid l’hiver, la chaleur l’été, les propriétaires-bailleurs qui possèdent ce type de biens pourraient subir quelques déconvenues financières. C’est en tout cas ce que soulignait Pierre Chevillard, rédacteur en chef de PAP, à l’antenne de BFM Business, ce jeudi 24 juillet.

« Si ce texte est adopté dans la version du Sénat, les propriétaires-bailleurs qui auront un logement juridiquement qualifié de ‘passoire thermique’ ne pourront plus le louer. Et cela pose certains problèmes. 43% des logements locatifs privés sont des ‘passoires thermiques’ », précise le spécialiste. Si bien que 43% des logements, sans compter les 800 000 qui composent le parc HLM, pourraient ne plus être mis en location. Un problème de taille pour les propriétaires-bailleurs et qui, pour celles et ceux qui souhaitent investir en vue de louer, doit constituer un arbitrage décisif dans l’acte d’achat.

Inventer la ville de demain

En outre, ce qui doit également peser dans la balance à l’heure où les vagues de chaleur sont amenées à devenir de plus en plus régulières, c’est aussi le fait que la ville dans laquelle un investisseur décide de poser ses valises comporte un minimum d’installations permettant de composer avec ces températures élevées.

A la question : « A quoi la ville de demain doit-elle ressembler pour modérer l’impact des vagues de chaleur et éviter toutes dévalorisation immobilière ? », Pierre Chevillard répond qu’il s’agit là d’un véritable défi dans la mesure où « les villes ont été conçues à une époque où il n’y avait pas de réchauffement climatique… L’ennemi c’est ce que l’on appelle : ‘l’îlot de chaleur urbain’. Les bâtiments stockent la chaleur qui ne s’évacue pas. Si bien qu’à Paris, il peut faire jusqu’à 10 degrés de plus qu’en grande couronne », détaille l’expert. « Parce que tout ce qui est minéral stocke la chaleur ».

Plus de plantes, plus de rendements ? 

Pour y remédier, l’une des options consisterait à végétaliser davantage les villes. Des expériences prouvant qu’en plantant plus d’arbres, il est possible de faire baisser la température de 5 à 10 degrés. « Un arbre, c’est comme un climatiseur. Comme il renvoie de l’eau, ça rafraîchit. C’est pourquoi, beaucoup de villes se lancent dans des politiques de plantations d’arbres », commente le rédacteur en chef de PAP.

« De la même façon, vous avez ce que l’on appelle l’albédo. C’est la capacité des bâtiments à renvoyer ou à stocker de la chaleur. Plus un bâtiment est sombre, plus l’albédo est faible, plus on stocke de la chaleur. Cela veut dire que si vous faites un urbanisme comme on le fait dans les îles grecques avec des rues très étroites et des bâtiments blancs, vous serez davantage au frais que si vous faites des bâtiments de couleur brune ou noire », poursuit-il.

Sauf que là encore, rien n’est simple. A Paris, refaire la toiture pour la peindre en blanc relève, pour le moment du moins, de l’impossible. L’architecture étant protégée. « C’est donc un vrai défi » que les villes doivent aujourd’hui relever, conclut Pierre Chevillard, pour qui l’enjeu en question fait, malgré tout, figure d’« urgence »

Julie COHEN-HEURTON et Marie COEURDEROY