Casino, l’une des plus grosses restructurations du monde
La mise en procédure de sauvegarde de sa maison-mère Rallye aura des conséquences lourdes sur le géant de la distribution. Un tournant dans l’histoire du groupe fondé par Jean-Charles Naouri il y a près de trente ans.
C’est un véritable séisme que Casino vient de subir. Jeudi soir, son propriétaire la société Rallye a annoncé qu’elle se plaçait en procédure de sauvegarde judiciaire tout comme ses sociétés-mères en chaîne : Foncière Euris, Finatis et Euris. Une série de sociétés en cascade toutes contrôlées et dirigées par le fondateur et PDG de Casino : Jean-Charles Naouri.
Le problème est concentré chez Rallye qui croule sous 3 milliards d’euros de dettes. Un problème alors que sa seule ressource sont les 177 millions d’euros de dividendes que lui a versés Casino en 2018. Pas suffisant pour éponger les dettes. Une situation qui illustre la réalité à laquelle est confronté le groupe : Rallye est une coquille vide qui ne porte que les 51% du capital qu’elle détient dans Casino.
Dit autrement, les deux administrateurs judiciaires qui vont gérer la restructuration de la dette de Rallye auront inévitablement les yeux rivés sur l’avenir du groupe Casino. Les banques de Rallye pourront transformer leurs créances en actions et deviendront ainsi actionnaires -indirects- de Casino. Et Jean-Charles Naouri, qui détient 51% de Casino grâce à Rallye, devra peut-être abandonner le contrôle de l’empire qu’il a créé pendant trente ans. Il peut espérer conserver une minorité de blocage de 34% chez Rallye et donc la main sur Casino. Mais cela dépendra de son bras de fer avec les banques.
Le groupe a beau dire que la procédure de sauvegarde ne concerne pas Casino, il ne faut pas s’y tromper, elle aura des conséquences lourdes sur le groupe de distribution. Cessions d’enseignes, de filiales ou changement d’actionnaires, les administrateurs judiciaires Hélène Bourbouloux et Frédéric Abitbol auront à gérer la restructuration de l’empire Casino, l’une des plus grandes au monde.
En France, les dernières restructurations concernaient Vivarte, les marques La Halle ou André, la Saur ou Technicolor (ex-Thomson). A chaque fois, des groupes nationaux mais pas internationaux. Même Eurotunnel n’atteignait pas la taille de Casino et ses 220.000 salariés. Il faut remonter à 2009 et la faillite de General Motors et ses 200.000 salariés pour trouver une restructuration de taille comparable. En 2002, il y avait déjà eu, aux Etats-Unis, la mise en faillite de la compagnie aérienne United Airlines (100.000 salariés) pour retrouver une restructuration d’une telle ampleur à cause d’un surendettement.