Casino passe sous tutelle de ses banques
Le géant de la distribution a annoncé jeudi soir qu’il plaçait sous procédure de sauvegarde judiciaire ses trois sociétés mères dont Rallye, la première d’entre elles. Son PDG Jean-Charles Naouri dispose désormais de 18 mois pour restructurer sa dette.
Casino n’a plus le choix, il doit désormais prendre des mesures fortes. Le placement de ses trois sociétés mères sous protection de la justice est le signe que rien ne va plus. Les banques françaises, créancières de Casino veulent maintenant être remboursé. Elles avaient déjà demandé des décisions stratégiques radicales en septembre dernier. A l’époque, elles avaient apporté un soutien sans faille au PDG et propriétaire, Jean-Charles Naouri, en prêtant 300 millions d’euros à sa société Rallye, qui contrôle Casino. Mais faute de voir des changements majeurs, les relations se sont tendues. Le placement en procédure de sauvegarde est bien le signe que les banques ne soutiennent plus le patron de Casino.
Jean-Charles Naouri dispose désormais d’un moratoire de 18 mois sur ses 3 milliards d’euros de dettes. Un répit au bout duquel il espère pouvoir les rééchelonner. Mais a quel prix. Les banques françaises, principales créancières de Rallye, la société qui contrôle Casino, veulent maintenant des décisions drastiques pour être remboursé. Jean-Charles Naouri va devoir reconsidérer les cessions des pépites Monoprix, CDiscount ou de sa filiale brésilienne. Des options qu’il a jusqu’ici toujours refusé d’envisager.
Cela va relancer les spéculations autour de l’intérêt d’Amazon et de Carrefour pour Casino. Le géant américain a noué un partenariat d’envergure avec le groupe il y a quelques semaines. Il est l’unique site de e-commerce de Monoprix et a aussi décrocher de livrer de nombreux produits de la marque Casino. En plus, il va disposer de 1.000 points de retraits dans toutes les enseignes du groupe, Franprix, Spar, Vival, Casino, partout en France. Un accord commercial crucial pour lui donner l’accès à ce que le groupe Casino a de plus précieux : le maillage de son réseau de proximité.
En face, le grand rival Carrefour a déjà essayé l’été dernier de pousser Casino à une alliance. Sans que les discussions aient été loin, l’objectif de Carrefour était de prendre pied sur les pépites du groupe Monoprix, CDiscount ou le Brésil. Jean-Charles Naouri avait habilement tenu son concurrent à distance et repoussé son offensive.
Mais désormais, la donne change. Le face à face avec ses banques est fini. Il n’est donc plus seul aux commandes. La procédure de sauvegarde lui impose deux administrateurs judiciaires pour faire l’intermédiaire avec ses banques. Dont Hélène Bourbouloux, la reine en la matière qui a notamment géré les restructurations de Vivarte, de Technicolor, de la Saur ou encore de la raffinerie de Petroplus. Que des dossiers sensibles avec des dimensions sociales et politiques fortes. Régnant en maître sur son empire depuis vingt-cinq ans, Jean-Charles Naouri va devoir composer avec les grandes banques françaises. La course contre la montre va commencer. Un combat de longue haleine de dix-huit mois.Matthieu PECHBERTY
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