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Italie: S&P abaisse la perspective de la dette

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- - EMMANUEL DUNAND / AFP

L'Italie a vu la perspective de sa dette abaissée par l'agence Standard & Poor's ce vendredi. Un verdict toutefois moins sévère que celui de l'agence Moody's la semaine dernière.

La note de l'agence de notation financière Standard and Poor's ne change pas pour l'Italie. Elle reste à BBB. Mais l'agence montre toutefois des signes d'inquiétude en passant la perspective de stable à négative. En clair, l'agence n'exclut pas de baisser la note dans les six mois qui viennent. Standard and Poor's estime que «la politique économique et budgétaire du gouvernement italien pèse sur les perspectives de croissance du pays».

L'agence n'a toutefois pas suivi sa concurrente Moody's dans l'abaissement de la note. Cette dernière avait dégradé la note italienne de «Baa2» à «Baa3» le 19 octobre, la faisant tomber au dernier cran de la catégorie «investissement», qui précède la catégorie spéculative. Elle a expliqué s’inquiéter d’une stabilisation et non d’une diminution de la dette publique au cours des prochaines années. Une note toutefois assortie d’une perspective stable, ce qui signifie qu’elle ne devrait pas dégrader cette nouvelle notation dans les six mois à venir.

Cette décision est un nouvel obstacle dans le budget de l'Italie, déjà engagée dans un bras de fer avec Bruxelles. Bruxelles qui avait rejeté mardi le projet de budget du pays, fustigeant «une déviation claire, nette, assumée et, par certains, revendiquée» par rapport aux règles européennes.

La coalition au pouvoir à Rome, composée de la Ligue et du Mouvement 5 étoiles a fait le choix d'un budget anti-austérité, prévoyant un déficit à 2,4% du PIB en 2019, contre 0,8% promis par le précédent gouvernement de centre gauche.

Depuis la mi-mai, la Bourse de Milan a perdu près de 22%. Le secteur bancaire, qui compte dans son portefeuille 372 milliards d'euros de dette souveraine italienne, selon la Banque centrale, a été le plus affecté, dévissant de 37%. De son côté, le spread, le très surveillé écart entre les taux d'emprunt italien et allemand, a plus que doublé. Vendredi soir, dans l'attente de l'avis de S&P, il a clôturé en très légère hausse, à 310 points, tandis que le FTSE Mib perdait 0,70%.

Une dette italienne à 2 300 milliards d'euros

Les marchés et la Commission européenne s'inquiètent du budget italien en raison de la dette déjà pharaonique du pays: 2.300 milliards d'euros, soit 131% de son PIB, alors que le plafond européen est fixé à 60%.

Rome a deux semaines pour revoir sa copie. A défaut, elle s'exposerait à une «procédure pour déficit excessif», susceptible d'aboutir à des sanctions financières. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, s'est déclaré «confiant» jeudi sur la possibilité d'un accord. Mais les deux leaders des partis de la coalition, Matteo Salvini et Luigi Di Maio, eux, n'entendent pas céder.

Matteo Salvini martèle depuis une semaine son intention de ne pas toucher une virgule au projet de budget. Il a raillé hier soir la décision de Standard & Poor's: «Les agences de notation ne se sont pas rendu compte de la crise mondiale ?». De son coté, Luigi Di Maio y voit plutôt une bonne nouvelle: «ceux qui attendaient S&P pour continuer à ramer contre le gouvernement ont eu une mauvaise surprise ce soir: la note de l'Italie a été confirmée. On continue! Le changement est en marche», a-t-il déclaré.

Rome a jusqu'au 13 novembre pour présenter à Bruxelles un budget révisé.

Sandrine Serais avec AFP