BFM Business
International

Les Etats-Unis en période de "shutdown"

-

- - Brendan Smialowski / AFP

Les Etats-Unis sont entrés samedi matin en période de «shutdown». Une situation qui va se poursuivre au-delà de Noël.

«Espérons que ce shutdown ne durera pas longtemps», avait déclaré Donald Trump vendredi dans une vidéo postée sur Twitter. Malgré de nouvelles tractations ce samedi, les parlementaires ne sont toujours pas parvenus à s'entendre sur le budget. Principal point de blocage: le financement de la construction d'un mur à la frontière avec le Mexique, l'un des principaux engagements du Président américain. Les Etats-Unis n'ont donc pas pu échapper à la paralysie partielle des administrations fédérales.

Deux camps s'affrontent; d'un côté, le Président républicain, qui a fait de la lutte contre l'immigration clandestine son cheval de bataille. Il a fait savoir qu'il n'apposerait pas sa signature sur une loi budgétaire ne comprenant pas une enveloppe de 5 milliards de dollars pour payer le mur. De l'autre, les élus démocrates, qui rejettent totalement l'idée de cet édifice. Début janvier, ils seront de nouveau majoritaire à la Chambre des représentants après leur victoire électorale de novembre, ce qui rendra encore plus délicat le passage d'une telle loi.

L'actuelle majorité républicaine avait approuvé jeudi soir un nouveau texte qui va dans le sens des exigences du président, incluant un financement de son mur à hauteur de 5,7 milliards. Jusqu'ici, l'obstacle se situe au Sénat pour Donald Trump. Ne disposant que d'une majorité républicaine de 51 sièges sur 100, il se heurte à la majorité des 60 voix nécessaires pour l'adoption d'une loi budgétaire. Une fenêtre de négociations semblait toutefois possible. Le président réclame qu'à défaut de ces 5 milliards pour son mur soit consacré un montant substantiel à la sécurité aux frontières.

Des discussions auraient eu lieu ce vendredi soir en coulisses entre les responsables des deux partis au sein du Congrès et la Maison Blanche. Ils auraient négocié un compromis qui prévoirait une enveloppe de 1,6 milliard de dollars pour la lutte contre l'immigration illégale, selon le sénateur républicain John Cornyn. Pourtant aucune avancée ce samedi. Le Congrès américain a suspendu les discussions et les a reportées au-delà de Noël, le 27 décembre. Le chef de la majorité sénatoriale Mitch McConnell, s'est toutefois dit «heureux que des discussions productives se poursuivent».

Les deux camps se renvoient la balle et s'accusent mutuellement d'être à l'origine de cette situation. "Nous négocions avec les démocrates sur la sécurité aux frontières dont nous avons absolument besoin (gangs, drogues, trafic d'êtres humains et plus) mais ça pourrait durer longtemps", avait prévenu samedi matin le Président américain. De son côté le patron des sénateurs démocrates Chuck Schumer a rendu l'occupant de la Maison Blanche responsable de la situation: «Si vous voulez ouvrir le gouvernement, abandonnez le mur, purement et simplement», fustigeant une barrière «chère, inefficace dont la majorité des Américains ne veulent pas».

Près de 800.000 fonctionnaires concernés

En attendant, depuis samedi minuit, des administrations ne peuvent plus être financées et devraient donc réduire leurs activités dans les prochains jours. Des centaines de milliers de fonctionnaires vont être placés en congé sans solde ou être forcés de travailler sans être payés, à quelques jours de Noël. Près de 800.000 fonctionnaires sont concernés, sur un total de 2.1 millions.

Si 75 % des services fédéraux ont des budgets approuvés pour plusieurs mois encore et ne seront donc pas affectés, des ministères importants devraient être touchés. C'est le cas notamment de la Sécurité intérieure, de la Justice, du Commerce, des Transports, du Logement et du Trésor. Ou encore celui de l'Intérieur, qui gère les parcs nationaux très visités pendant les fêtes.

Le président américain s'était préparé ce vendredi à l'éventualité de ce «shutdown», annulant même son séjour en famille dans sa résidence de Floride pour les fêtes de fin d'année. Il passera donc Noël à Washington.

Ces discussions budgétaires sont traditionnellement difficiles. Elles s'achèvent souvent par des textes de financement temporaire du gouvernement. Le dernier «shutdown», et premier de l'administration Trump, avait duré trois jours en janvier dernier, loin du record de 1995-1996. Il avait alors duré 21 jours.

Reste à savoir comment Wall Street va réagir à cette prolongation. La Bourse de New York, qui ouvrira lundi pour une séance raccourcie, a enregistré cette semaine son pire plongeon hebdomadaire depuis 2008. Des marchés agités notamment par la menace de «shutdown», mais aussi en raison de la hausse des taux d'intérêt, la guerre commerciale et la perspective d'un ralentissement économique aux Etats-Unis.

Sandrine Serais