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Microsoft défend sa participation à un appel d'offres du Pentagone

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- - Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP

Microsoft l'a confirmé ce vendredi. La multinationale informatique américaine est toujours sur les rangs pour remporter un énorme contrat de "cloud" avec le Pentagone.

Le contrat, baptisé JEDI, pourrait atteindre 10 milliards de dollars sur 10 ans. Objectif: héberger une partie des données du ministère américain de la Défense dans le «cloud», l'informatique dématérialisé. Certains y ont renoncé, d'autres se pressent pour obtenir ce mégacontrat malgré le vent de critiques qui souffle sur la Silicon Valley à propos des collaborations avec l'armée ou la police.

Microsoft fait donc toujours partie des candidats, le groupe l'a confirmé ce vendredi. Tout comme Amazon, qui avait défendu la semaine dernière sa participation à l'appel d'offres. Le patron du géant du numérique, Jeff Bezos, estimait que «si les grandes entreprises de technologie tournaient le dos au département de la Défense américain, ce pays serait en difficulté».

Amazon Web Services part d'ailleurs avec une longueur d'avance sur ses concurrents. L'entreprise américaine domine le marché du cloud, elle a déjà signé un contrat sur 10 ans avec la CIA il y a 4 ans. Elle est aussi, pour l’instant, la seule à disposer des autorisations nécessaires pour héberger des données sensibles du gouvernement.

Et c'est maintenant au tour de Microsoft de justifier sa décision. Le président du groupe, Brad Smith, estime que «tous ceux qui vivent dans ce pays dépendent de la puissance de sa défense», estimant que les militaires risquent leur vie non seulement pour défendre les populations, mais aussi pour les aider en cas de catastrophes. Il s'est dit conscient du fait que certains salariés pouvaient avoir une opinion différente, et assure qu'ils ont la liberté de ne pas travailler sur des projets militaires s'ils ne le souhaitent pas.

Google a déjà renoncé à l'appel d'offres

Il y a 2 semaines, un autre géant avait finalement renoncé, laissant le champ libre à ses principaux concurrents: Google. Le groupe renonçait à ce contrat de "cloud" avec le ministère de la Défense, estimant qu'il pourrait être en contradiction avec ses "principes" éthiques. Il faut dire que Google a dû faire face à la fronde de ses salariés. Des milliers d'employés avaient signé une pétition demandant au groupe de cesser de travailler avec l'armée.

Pour autant, Google ne compte pas couper tout lien avec le gouvernement. Le groupe souhaite continuer à travailler en soutien des autorités, mais le groupe va faire preuve de prudence afin d'éviter un nouveau scandale similaire à celui de Maven au printemps dernier.

Le projet visait à développer et à fournir au Pentagone une technologie capable d’analyser les images filmées par les drones déployés sur les théâtres d’opérations de l’armée américaine. Des milliers d’employés avaient alors interpellé le patron de Google, Sundar Pichai, pour le prier d’annuler ce programme créé en partenariat avec le Pentagone. Certains salariés avaient même démissionné, entraînant une crise interne dans la société et révélant du même coup un malaise croissant dans la Silicon Valley sur les usages sécuritaires de la technologie. En juin, le patron de Google annonçait l'arrêt de Maven.

Pour ce nouveau contrat JEDI, le ministère de la Défense américain a fait le choix de l'attribuer en totalité à un seul prestataire plutôt que de le scinder en plusieurs appels d'offres. Le choix définitif est attendu au printemps 2019.

Sandrine Serais