BFM Business
International

15 novembre 2008 : le G20 échange le chômage contre la dette

-

- - -

Il y a 10 ans, le 15 novembre 2008, le G20 faisait son entrée sur la scène politico-médiatique.

Alors que la récession de 1975 a fait naître le G7, celle de 2008/2009 a mis en avant le G20. Ce G20 regroupe les 7 pays du G7 rejoints par la Russie dans le G8, puis par les 11 principaux pays émergents. On arrive ainsi à 19 pays, auquel s’ajoute l’Union européenne.

Formellement, le G20 est né en 1999 à l’initiative du Canada pour tirer les leçons de la crise asiatique de 1997. Sa création vient donc du constat que, si le monde économique de 1975 s’incarnait dans les Etats-Unis, l’Europe et le Japon, celui de la fin des années 1990 ne pouvait se résumer à ces pays. Le 15 novembre 2008 la puissance invitante est les Etats-Unis.

Or, le président George W Bush termine son second mandat et Barak Obama vient juste d’être élu. L’un et l’autre semblent peu concernés par la déroute économique qui s’amorce, si bien que ce sont les Européens qui donnent le la, et singulièrement la France qui assure la présidence de l’Union européenne. En pratique, c’est plutôt le Trésor britannique qui est à la manœuvre. Il propose dans l’urgence un plan simple reposant sur deux mesures :

- un soutien aux banques pouvant aller jusqu’à la nationalisation des plus fragiles ;

- une relance budgétaire renouant avec la tradition keynésienne.

Dominique Strauss-Kahn (DSK), le directeur du FMI, participe es qualité au sommet. Il déclare à l’issue de ce sommet:

« La quasi-totalité des participants ont soutenu la proposition du FMI d’utiliser l’arme budgétaire et donc la relance budgétaire coordonnée pour obtenir des plus grands résultats. Du coup, la situation dans laquelle nous sommes est vraiment une situation qui change. »

Si DSK parle de « situation qui change », c’est parce que plus personne n’ose se soucier des dangers potentiels de la dette publique. Pour les participants, le G20 a fourni une réponse à la crise et point n’est besoin d’aller plus loin. Tout le monde fait mine d’ignorer que l’économie mondiale s’engage sur la voie d’une explosion sans précédents des dettes privées et publiques.

Joan Robinson, célèbre économiste du XXe siècle, qui fut le disciple et l’amie de Keynes, faisant à la fin de sa vie le bilan des politiques de relance affirmait que ces politiques consistaient non pas à résoudre le problème du chômage mais à le transformer en un problème de surendettement. Pour elle il aurait fallu chercher ailleurs la réponse aux récessions. En 2008, en réhabilitant hâtivement Keynes, on a oublié Joan Robinson. Nous risquons d’en payer le prix !