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1% des Allemands possèdent 35% du patrimoine des ménages

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- - Hannibal Hanschke

L'Institut allemand de recherche économique (DIW) a dévoilé, mercredi, une étude sur les inégalités de richesse en Allemagne, qui s'avèrent plus importantes qu'anticipées.

A qui appartient le patrimoine allemand ? Une nouvelle étude dévoilée par l'Institut allemand de recherche économique (DIW) vient apporter un panorama inédit de la situation outre-Rhin. Ainsi, 1% des plus riches de la population allemande possèdent 35% du patrimoine du pays. De la même façon, les 9% qui suivent possèdent 32% du patrimoine. Ce qui signifie donc que 10% des Allemands détiennent 67% du patrimoine privé total du pays.

Le constat a créé un petit émoi dans le pays, où les observateurs ne s'attendaient pas à un tel écart de richesse, faute de données précises sur la question. "L'inégalité de richesse déjà élevée en Allemagne a été considérablement sous-estimée" explique au quotidien Zeit, Johannes König, un des auteurs de l'étude en question. Cette enquête est ainsi la première sur les millionnaires allemands et s'intéresse aux actifs nets (les actifs soustraits de la dette).

Viser les actionnaires

Pour parvenir à leur fin, les auteurs ne pouvaient pas compter sur les échantillons aléatoires et devaient donc viser directement le sommet de la pyramide. Pour cela, ils se sont inspirés des études réalisées en Suède ou encore aux Etats-Unis et ont constaté que les plus riches avaient un point commun : ils détenaient des actions dans des entreprises. Ils ont donc puisé ans les bases de données d'Orbis qui compile les données sur les sociétés non cotées.

De là, ils ont filtré les résidents allemands qui possédaient des parts importantes dans les multinationales. En affinant et recoupant le chiffre, les auteurs ont finalement obtenu un entretien avec 1956 ménages pour réaliser leur étude.

Pays de locataires

Comment expliquer un tel écart de richesse ? Contrairement à la France, l'Allemagne est avant tout une terre de locataires, la richesse étant généralement en grande partie liée à la propriété. Selon les auteurs, la politique fiscale, et notamment la fin de l'impôt sur la fortune à la fin des années 1990, a aussi joué un rôle dans ce constat. A l'opposé, les plus pauvres n'ont pas bénéficié aux mesures de soutien des dernières années, destinées plutôt aux classes moyennes.

L'étude formule, enfin, des propositions pour réduire cet écart. Et plutôt que de taxer les riches, les auteurs proposent d'aider les plus pauvres à se constituer un patrimoine, notamment par des subventions immobilières ou en abolissant les frais de notaire pour les premiers achats.

En France, ce sont 5% des Français qui possèdent un tiers du patrimoine total, selon une étude de l'Insee. Les 1% les plus riches en possèdent 16%. Là encore, ce sont les inégalités de patrimoine qui creusent l'écart.

Thomas Leroy