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6 choses que vous ignorez peut-être sur l'empire Samsung

En Corée du Sud, le fondateur de Samsung incarne la réussite. En quelques décennies, la PME spécialisée dans l'épicerie est devenue un conglomérat planétaire.

En Corée du Sud, le fondateur de Samsung incarne la réussite. En quelques décennies, la PME spécialisée dans l'épicerie est devenue un conglomérat planétaire. - Chou Youn-Kong - AFP

La popularité mondiale de Samsung est venue par les produits électroniques, mais le groupe sud-coréen est l'un des conglomérats les plus puissants de la planète.

Samsung est bien plus qu'un fabricant de smartphones et de téléviseurs. C'est surtout l’un des conglomérats les plus puissants de la planète dont la richesse s'est bâtie sur les technologies, mais aussi sur l’industrie lourde, la chimie et les services financiers.

Samsung Corporation se compose de quatre unités: Electronics, Engineering, Heavy Industries et Life Insurance. Le groupe réalise un chiffre d’affaires de 178 milliards de dollars et emploie plus de 300.000 salariés dans le monde. Samsung représente aujourd'hui 20% de l’économie coréenne.

Un petit épicier devenu l’un des groupes les plus puissants du monde

Lors de sa création le 1er mars 1938, rien ne laissait présager que Samsung deviendrait l’un des groupes les plus importants de la planète. Au départ, ce n’était qu’une PME d’import-export spécialisée dans l’épicerie.

Les bureaux de Sanghoes à Daegu dans la fin des années 1930.
Les bureaux de Sanghoes à Daegu dans la fin des années 1930. © Wikipedia

Lee Byung-Chu, le fondateur, comprend vite que le commerce n’est qu’un maillon de l’économie. Il investit dans le raffinage de sucre et le textile. En 1948, avec l’aide de l’État, il se lance dans l’industrie lourde (textile, pétrochimie, construction navale, machines-outils) pour devenir avec Hyundai, Daewoo et LG, l’un des quatre "Chaebol" (conglomérat) sud-coréens. Il ne se lance dans l’électronique qu'à la fin des années 60 en lançant un téléviseur pour concurrencer le japonais Sony.

Le groupe a construit à Dubai la plus haute tour du monde

Burj Khalifa est la plus grande tour du monde, mais en 2018, elle sera dépassée par la Jeddah Tower de Djeddah en Arabie saoudite.
Burj Khalifa est la plus grande tour du monde, mais en 2018, elle sera dépassée par la Jeddah Tower de Djeddah en Arabie saoudite. © CC Wikipedia

Samsung est le numéro un mondial des smartphones, mais sa puissance est également reconnue dans la construction. C’est sa filiale Engineering & Construction qui a construit à Dubai la tour la plus haute du monde. Inauguré en 2010, ce bâtiment a représenté un budget de 20 milliards de dollars. Il fait plus de 800 mètres de haut et comprend 10.000 appartements et des bureaux sur 49 étages.

Un des plus importants acteurs du nucléaire

Le nucléaire est l’un des piliers de Samsung Corp qui a mis en place en Corée quatre des 21 réacteurs nucléaires. Deux sont à Uljin, les deux autres à Shin-Wolsong. En 2009, le consortium coréen dont fait partie Samsung a eu la préférence des Émirats Arabes Unis face aux Français dans un contrat de plusieurs dizaines de milliards de dollars pour la construction de quatre centrales nucléaires. 

Le plus grand navire-citerne du monde

Ce navire de 488 mètres de long transporte chaque année 3,6 millions de tonnes de gaz.
Ce navire de 488 mètres de long transporte chaque année 3,6 millions de tonnes de gaz. © AFP Getty Image

Le gigantisme de Samsung se constate également dans la construction navale. Le groupe est l’un des plus importants armateurs de la planète. En 2013, sa filiale "Heavy Industries" a remporté le marché proposé par le groupe Shell pour bâtir le plus grand navire-citerne du monde. La taille du Prélude, le nom du bâtiment, est de 488 mètres pour une masse de 600.000 tonnes. Sa capacité lui permet de transporter 3,6 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié par an, soit la consommation de Hong Kong.

Le montant du contrat n’a pas été révélé officiellement, mais des sources évoquent une facture de plus de 9 milliards d’euros. Aujourd’hui, l’industrie navale coréenne est touchée par une crise majeure. Début 2016, les trois armateurs du pays (Hyundai, Daewoo et Samsung) avaient signé moins de 10 contrats contre une centaine de commandes annuelles au début des années 2000. Pour éviter une catastrophe économique en chaîne, l’État a dû créer un fonds de 9 milliards d’euros pour sauver les banques publiques.

Un centre d’entraînement pour former les cadres

Sur son site, le groupe annonce à ceux qui veulent le rejoindre que "leurs rêves deviendront réalité". Mais pour intégrer l’une de ses divisions, il faudra passer par plusieurs étapes. Au départ, le procédé est classique (envoi d’un CV, d’une lettre de motivation et entretien). S’il est admis, le candidat devra passer un examen médical. Mais ensuite, les personnes sélectionnées passeront plusieurs semaines dans un centre de formation pour acquérir l’esprit Samsung. Les cours démarrent à 7h30 pour finir à 21 heures. À la fin du stage, les recrues clameront leur fierté d’appartenir à la famille Samsung lors une cérémonie qui les intronisera dans le groupe.

Ce centre n’est destiné qu’aux cadres. Les conditions de travail des ouvriers ont fait l’objet de plusieurs rapports accablants dont celui de l’ONG américaine China Labor Watch, qui en 2012 pointait des conditions de travail inquiétantes, qui n’épargnaient pas les enfants. En 2014, Samsung a présenté des excuses et a promis de dédommager les 114.243 ouvriers qui avait déclenché des cancers dans ses usines de semi-conducteurs.

Une université qui forme chaque année 30.000 créateurs

Les jeunes créateurs du monde entier vont à Séoul pour être formés au Samsung Art & Design Institute.
Les jeunes créateurs du monde entier vont à Séoul pour être formés au Samsung Art & Design Institute. © Sadi Samsung

Plutôt que de débaucher des talents pour créer ses produits, le groupe a préféré former les siens en créant à Séoul le Samsung Art & Design Institute (Sadi) dès 1995. Ce sont des diplômés du Sadi qui ont créé les produits les plus innovants du groupe.

Cette université forme chaque année 30.000 professionnels du design, et pas seulement dans la conception de produits. Elle enseigne la mode, la communication et le graphisme. Le Sadi forme chaque année 30.000 étudiants qui sont recherchés par les plus grandes entreprises du globe. Cet institut est désormais reconnu comme l’une des meilleures écoles de design du monde. 

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama Journaliste BFM Éco