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À Davos, le président chinois se fait l'ardent défenseur du libre-échange

Xi Jinping en visite au forum économique mondial de Davos.

Xi Jinping en visite au forum économique mondial de Davos. - FABRICE COFFRINI / AFP

En visite au Forum économique mondial de Davos, Xi Jinping a prononcé un discours vantant le libre-échange et la mondialisation. Une position qui marque sa volonté de se détacher de la politique protectionniste prônée par Donald Trump.

Après les dirigeants européens, c’est au tour du président chinois de répondre à Donald Trump. Il faut "rééquilibrer" la mondialisation et la rendre "plus inclusive", a déclaré Xi Jinping ce mardi à Davos, assurant que "personne ne sortirait vainqueur d'une guerre commerciale" --discours ciselé pour dépeindre Pékin en défenseur du libre-échange face à un Donald Trump protectionniste. "Nous devons rester attachés au développement du libre-échange (...) et dire non au protectionnisme", a-t-il ajouté lors de son discours d'ouverture du Forum économique mondial, qu'il est le premier chef d'Etat chinois à visiter.

Devant 3.000 dirigeants économiques et politiques, réunis depuis lundi dans la station de ski helvète, il a plaidé pour une ouverture accrue de son pays et mis en garde contre toute tentation de repli. "Que cela vous plaise ou non, l'économie mondiale est le grand océan auquel l'on ne peut échapper (...) Toute tentative de stopper les échanges de capitaux, technologies et produits entre pays (...) est impossible et à rebours de l'histoire", a-t-il insisté.

Autant de piques contre Donald Trump. Le milliardaire, qui s'installera à la Maison Blanche vendredi pour diriger la première économie du monde, est en effet vent debout contre une mondialisation libérale accusée de détruire des emplois américains. Le président élu outre-Atlantique a promis d'abandonner l'accord de libre-échange transpacifique (TPP) signé en 2015, d'ériger des barrières douanières avec le Mexique et la Chine, et pourfend volontiers l'Organisation mondiale du commerce (OMC).

“Cela ne sert à rien de blâmer la mondialisation”

À l'inverse, "la Chine gardera sa porte ouverte, et ne la fermera pas (...) et nous espérons que les autres pays garderont eux aussi leur porte ouverte pour les investisseurs chinois avec un environnement équitable", a ajouté Xi Jinping. C'était la première fois qu'il s'exprimait aussi longuement depuis l'élection américaine en novembre.

"Cela ne sert à rien de blâmer la mondialisation" pour les problèmes de la planète, comme le chômage, les flux de migrants, ou encore la crise financière de 2008 due "à des problèmes de supervision", a estimé le président chinois, jugeant que des échanges accrus pouvaient apparaître comme une solution.

Il a cependant fustigé, sans livrer de détail, des institutions internationales "inadéquates" et insuffisamment "représentatives". Une critique récurrente de la part de Pékin, qui juge ne pas occuper dans les institutions de Washington (FMI, Banque mondiale) sur la scène mondiale un rôle diplomatique équivalent à la taille de son économie.

Peser davantage sur l’économie mondiale

Pékin entend profiter de l'élection de Donald Trump pour muscler sa stature de puissance mondiale "responsable" et redessiner à sa manière la carte du commerce mondial. Le pays promeut ainsi de nouveaux accords régionaux de libre-échange et initie de "nouvelles routes de la soie" ceinturant le continent eurasiatique.

La Chine, première puissance marchande planétaire, fait cependant un bien improbable chevalier blanc du libre-échange. Pékin est volontiers accusé par l'Union européenne et les États-Unis (ses deux principaux partenaires commerciaux) de dumping, de mesures protectionnistes pénalisant les produits importés et de restreindre l'accès aux entreprises étrangères. 

P.L avec AFP