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A peine créée, la Bourse de Yangon forme ses premiers traders

Pour ce nouveau départ, le pays a décidé de former ses propres traders en les préparant au capital-risque et à la vente de titres.

Pour ce nouveau départ, le pays a décidé de former ses propres traders en les préparant au capital-risque et à la vente de titres. - Romeo Gacad - AFP

"Les Birmans étaient nombreux pour le lancement de la première cotation de leur place boursière. Les plus âgés pour acheter des titres, les plus jeunes pour devenir traders."

"J'ai beaucoup lu pour comprendre parce que je pense qu'un marché boursier est bon pour notre pays", expliqué Soe Myint, retraité de 64 ans, venu acheter des actions dès l'ouverture de la Bourse de Yangon (plus connue sous son appellation britannique, Rangoon).

Alors que les grandes places boursières sont fermées pour le week-end de Pâques, le Yangon Stock Exchange (YSX) a lancé sa première cotation ce vendredi 25 mars. La Bourse birmane a élu domicile dans l’un des plus beaux immeubles de la plus grande ville du pays. C’est dans ce bâtiment colonial que des dizaines de jeunes birmans se sont précipités dès l’ouverture. Pas pour acheter des titres, mais pour suivre des formations de traders.

Pour ce nouveau départ, le pays a décidé de former ses propres traders en les préparant au capital-risque et à la vente de titres. "C'est bien que les Birmans puissent apprendre comment fonctionne une Bourse. C'est porteur d'espoir pour le monde des affaires", a expliqué à l'AFP lors d'une de ces formations Nwe Ni Soe, consultante et apprentie trader. "YSX est une chance pour l'avenir", explique un autre élève, Than Win.

Le Japon dispose de 49% du YSX

Alors que plusieurs entreprises locales ont déjà demandé à être cotées sur cette nouvelle place, le YSX va d'abord débuter vendredi avec une seule entreprise, First Myanmar investment (FMI), détenue par Serge Pun, l'un des hommes d'affaires les plus riches du pays.

Tun Tun, directeur exécutif de First Myanmar Investment, enjoint le gouvernement d'autoriser bientôt l'ouverture aux investisseurs étrangers. La création de cette Bourse est un facteur de développement d'"un marché de capitaux sain, pour le bien des investisseurs et des entreprises", met-il en avant. Avec sa société soeur Yoma Strategic Holdings, cotée à Singapour, FMI a déjà une première expertise boursière, une rareté en Birmanie.

Le YSX est détenu à 51% par la banque publique Myanma Economic Bank. Mais si les entreprises étrangères ne sont pas encore autorisées à être cotées, le Japon est au cœur du projet. Les 49% restant sont répartis entre la Japan Exchange Group et Daiwa Institute of Research.

Faire oublier l'économie "grise" de la junte

Au-delà, les défis économiques sont nombreux, dans un pays laissé exsangue par des décennies de négligence sous la junte, avec encore aujourd'hui une importante pauvreté, une monnaie locale faible par rapport au dollar et des infrastructures délabrées. D'ailleurs, la Birmanie n'est toujours pas notée par les agences de notation. Économie grise et entreprises contrôlées par les militaires restent d'actualité.

Pour Rajiv Biswas, chef économiste d'IHS Global Insight spécialisé dans la zone Asie-Pacifique, la nouvelle place boursière va devoir "gagner la confiance des investisseurs" en montrant qu'elle est capable de mettre en place les normes internationales. "Les nouvelles places boursières doivent gagner la confiance des investisseurs quant à la transparence des compagnies retenues, mais aussi instaurer des normes de régulation strictes afin d'empêcher toute manipulation du marché", explique-t-il.

Les responsables de la nouvelle place financière rêvent d'attirer entre 30 et 50 entreprises dans les cinq années à venir, après des années de stagnation du projet, qui a commencé à être développé dans les années 1990, autour du Myanmar Securities Exchange Centre, plateforme qui permettait des ventes d'actions de deux sociétés seulement et n'a jamais vraiment décollé.

P.S. avec AFP