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 A Washington, de nombreux serveurs préfèrent les pourboires à un salaire minimum

Les électeurs sont appelés à voter ce mardi pour ou contre l"Initiative 77"

Les électeurs sont appelés à voter ce mardi pour ou contre l"Initiative 77" - MANDEL NGAN / AFP

Les électeurs de la capitale fédérale sont appelés à se prononcer sur l'instauration d'un salaire minimum de 15 dollars de l'heure d'ici 2025 pour les employés payés au pourboire.

C’est une pratique presque inévitable. Outre le paiement de la note, la fin d’un repas dans un restaurant aux États-Unis s’accompagne dans la grande majorité des cas du règlement d’un pourboire pour le serveur. Si le montant est laissé au libre choix du client, il est souvent attendu entre 15 et 20% de l’addition.

Mais cette pratique profondément ancrée dans la culture américaine pourrait être bouleversée à Washington. En effet, la capitale fédérale doit voter ce mardi pour l'instauration du "Minimum Wage Amendment Act" -ou "Initiative 77"-, un salaire horaire minimum qui atteindrait progressivement 15 dollars de l’heure d’ici à 2025 pour les personnes rémunérées aux "tips".

Or, ce dispositif divise tout particulièrement le secteur de la restauration, employés comme propriétaires. À cet égard, la campagne "Save Our Tips" ("Sauvez nos pourboires") a été lancée par les détracteurs de ce texte. Lesquels ont placardé nombreuses affiches et prospectus sur les devantures de restaurants et de bars de la capitale américaine.

Les employeurs exemptés du paiement du salaire minimum pour les personnes rémunérées au pourboire

De leur côté, les défenseurs d’un salaire minimum obligatoire de 15 dollars de l’heure d’ici 2025 se sont également mobilisés en distribuant des tracts plaidant pour "One Faire Wage"(Un salaire juste).

Actuellement, les employeurs de personnes rémunérées au pourboire sont exemptés du paiement du salaire minimum légal, fixé à 12,50 dollars par heure à Washington D.C (le salaire minimum varie d’un État à l’autre). Les salaires de certains serveurs et serveuses peuvent parfois descendre à 3,33 dollars de l’heure. Dans le cas où les pourboires ne permettent pas d’atteindre le seuil légal de 12,50 dollars, l’employeur est tenu de faire le complément.

Néanmoins, cette obligation ne semble pas toujours respectée. "C’est très difficile à faire appliquer", souligne Christopher Maggiano, un entrepreneur et ancien serveur de Washington qui soutient l’"Initiative 77". Reste que de nombreux employés rémunérés au pourboire sont opposés à ce texte car ils gagnent actuellement davantage que ce minimum proposé et craignent qu’il n’entraîne une baisse drastique des pourboires, et donc de leurs revenus.

Risque de hausse des prix

Beaucoup sont également persuadés que les employeurs répercuteront ce surcroît de dépense sur le prix des menus. Auquel cas, les clients, face à une addition plus salée, pourraient se montrer moins généreux envers leur serveur.

Pour la campagne "One Fair Wage", ce minimum obligatoire doit au contraire permettre de lutter contre le détournement de revenus, contre la discrimination envers les employés sans contact avec les clients et contre le harcèlement sexuel. "Dépendre des pourboires signifie subir des avances non sollicitées et des commentaires pour ne pas perdre le pourboire d’une table avec une grosse addition", explique Christopher Maggiano.

Certains estiment en outre que c’est la qualité du service qui est en jeu: "Je pense que le service est vraiment bon aux États-Unis en partie parce que les gens dépendent des pourboires quasiment à 100%", Natalia Ribera, barmaid dans un établissement sur la 14th Street. "À l'étranger, le service n'est en général pas aussi bon".

P.L avec AFP