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Action concertée de la BCE et du FESF: les réticences allemandes irritent en Europe

Jean-Claude Juncker: "L'Allemagne peut-elle se payer le luxe de faire de la politique intérieure sur le dos de l'euro?"

Jean-Claude Juncker: "L'Allemagne peut-elle se payer le luxe de faire de la politique intérieure sur le dos de l'euro?" - -

Le président de l’eurogroupe, Jean-Claude Juncker, a laissé entendre ce 30 juillet qu’une action concertée entre la Banque centrale européenne et le Fonds de secours européen était bien à l’ordre du jour. Mais l’Allemagne y est très réticente.

Les dirigeants européens semblent déterminés à trouver la solution pour calmer les marchés et freiner l'envolée des taux d'emprunt de l'Espagne et de l'Italie. Mais quand une majorité semble s’accorder sur un plan d’attaque, Berlin freine des quatre fers, et Bruxelles perd patience.

"Nous sommes arrivés à un point crucial. Mais il reste à préciser le rythme et la mesure, a déclaré le président de l’eurogroupe, Jean-Claude Juncker, dans une interview publiée par Le Figaro lundi 30 juillet. Nous agirons ensemble avec la Banque centrale européenne (BCE), sans toucher à son indépendance. Quand je dis "nous", il s'agit du fonds de sauvetage FESF, c’est-à-dire des dix-sept gouvernements."

Selon les rumeurs, les dirigeants européens et la Banque centrale européenne pourraient décider d’activer le FESF pour qu’il puisse, pour la première fois, racheter de la dette d’Etat sur les marchés.

Berlin accusé de privilégier sa politique intérieure au détriment de l'euro

Mais cette hypothèse est clairement rejetée par les Allemands. Samedi, le ministre des Finances, Wolfgang Schäuble, a redit son opposition à une participation du FESF aux émissions obligataires espagnoles, qualifiant les spéculations sur le sujet de "totalement infondées".

Cette position allemande irrite manifestement Jean-Claude Junker: "Comment l'Allemagne peut-elle se payer le luxe de faire de la politique intérieure sur le dos de l'euro? Si les seize autres pays en faisaient autant, que resterait-il du projet commun? La zone euro n'est-elle plus qu'une succursale de la République fédérale?", s'est-il insurgé.

L’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, interpelle lui aussi les dirigeants allemands dans une tribune publiée, ce lundi, par le quotidien Bild. Il appelle Berlin à sauver l’euro, même au prix de compromis déplaisants. Un sauvetage qui, selon lui, oblige l'Allemagne à accepter "une forme de mutualisation de la dette".

Outre l’action du FESF, la BCE devrait rouvrir son programme de rachat d’obligation, interrompu depuis mi-mars. Les dernières déclarations du président de l’institution monétaire semblent, d’ailleurs, aller dans ce sens. "La BCE est prête à faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro. Et croyez-moi, ce sera suffisant", a assuré Mario Draghi. Une réponse sur ce point devrait intervenir à l’issue de la réunion du Conseil des gouverneurs de la BCE prévue jeudi.

Dorothée Balsan et BFMbusiness.com