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Affaire Carlos Ghosn : le parquet japonais veut prolonger sa détention 

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- - BERTRAND GUAY / AFP

Le parquet de Tokyo veut prolonger la détention de Carlos Ghosn, alors qu'une nouvelle version de l'affaire est en train d'émerger

C'est une information de la presse japonaise. Selon elle, le parquet de Tokyo veut prolonger la détention de Carlos Ghosn. Une telle prolongation serait conforme à la loi japonaise, a précisé le procureur adjoint de Tokyo, ajoutant qu’elle ne poserait aucun problème. La période de détention de 10 jours de Carlos Ghosn s’achèvera vendredi. Le parquet japonais peut demander l’autorisation de prolonger cette détention pour un maximum de 10 jours supplémentaires, au terme desquels il devra décider de l’inculper ou de le libérer.

Une décision qui sera prise au moment où émerge une nouvelle version de l'affaire portée par la défense de Greg Kelly, le secrétaire général de Nissan Motors et par des informations de l'AFP issues d'une "source proche" anonyme. 

En fait il ne serait pas question de fraude fiscale, mais de dissimulation de sa rémunération aux actionnaires, parce qu'ils étaient au dessus des limites fixées. Carlos Ghosn savait qu'en France comme au Japon le montant de ses salaires pouvaient poser des problèmes d'acceptabilité. En France il avait d'ailleurs accepté une réduction sous la pression du gouvernement, au Japon, il aurait demandé un montage particulier dès l'exercice 2009/2010 en raison de l'entrée en vigueur d'une loi imposant aux administrateurs les mieux payés de divulguer leurs rémunérations.

"Tout d'un coup, M. Ghosn s'est retrouvé obligé de publier ses revenus (qui s'élevaient à l'époque à 2 milliards de yens) et, à partir de ce moment-là, il a commencé à les diviser en deux parties: un montant déclaré, un autre non déclaré censé en théorie lui être versé au moment où il se retirerait du groupe", assure cette source proche des enquêtes de Nissan et du parquet. Le système est commun au Japon et s'appelle "taishokukin", ce qui l'est moins, c'est que Carlos Ghosn aurait "demandé à ses assistants de s'assurer" que les revenus qui devaient lui être versés ultérieurement soient masqués aux autres divisions de la compagnie.

"Des documents existent, signés par Carlos Ghosn", mentionnant les différentes sommes, qui étaient conservés dans le secrétariat, au secret, ajoute la même personne. Les montants annuels non déclarés ont grandi au fil du temps, atteignant sur l'exercice 2017-2018 la somme de 1,7 milliard de yens (13 millions€) Le but de la manoeuvre, selon la presse, aurait été d'éviter les critiques des actionnaires et des employés, dans un pays où les PDG perçoivent des émoluments plus modestes qu'ailleurs. Greg Kelly, bras droit de M. Ghosn arrêté en même temps que lui, a reconnu l'existence d'un tel mécanisme mais il a déclaré aux enquêteurs avoir "consulté les experts de l'Agence des services financiers sur la question et s'être vu répondre qu'il n'y avait pas de problème", a rapporté jeudi le quotidien Yomiuri Shimbun, sans nommer ses sources, et ce soir encore son avocat réfute toute illégalité.

A ce stade Carlos Ghosn n'est toujours pas formellement inculpé

La rédaction