Allemagne : la CDU tournela page Merkel
On n’avait pas vu de bataille aussi ouverte depuis plus de 30 ans. Ils sont deux hommes et une femme à prétendre à la succession de celle qui a régné sur l’Union chrétienne-démocrate pendant 18 ans : Angela Merkel.
Jens Spahn, « l’anti-Merkel »
Le benjamin de cette élection, c'est Jens Spahn, 36 ans, l'actuel ministre de la Santé. Il fait souvent figure de 1er opposant de la chancelière, dont il a fustigé la politique migratoire en 2015 (Angela Merkel avait largement ouvert les frontières pour accueillir un million de réfugiés, avant de la refermer par la suite). Il dit défendre un "conservatisme" moderne et veut numériser l'économie allemande, très en retard sur le sujet. Mais
Friedrich Merz, le chouchou des milieux d’affaires
Le 2e homme de l’élection, c’est Friedrich Merz, 63 ans, le chouchou des milieux d'affaires. Ancien président du groupe parlementaire de la CDU, il en a été éjecté par une certaine Angela Merkel en 2002. Il quitte la politique en 2009 pour se reconvertir dans les affaires. Il dirige notamment aujourd’hui le conseil de surveillance de la branche allemande du fonds d’investissement Blackrock. Il est partisan d’une politique économique libérale et d’un retour aux valeurs traditionnelles, « back to basics » en quelque sorte. Son engagement : « réduire de moitié le poids électoral de l’AfD » et hisser la CDU à 40 % des voix (elle est créditée de 25 à 28 % dans les derniers sondages).
AKK, la dauphine
Mais celle qui supplante pour l’instant ces deux hommes dans les sondages c'est Annegret Kramp Karrenbauer, surnommée AKK, 56 ans. Ancienne « ministre-présidente » de la Sarre pendant sept ans, elle a été réélue aux dernières élections, en 2017, avec 10 points d'avance sur les sociaux-démocrates, dans cette région pourtant historiquement ancrée à gauche.
Souvent présentée comme la dauphine d'Angela Merkel, qui l'a nommée secrétaire générale du parti cette année, elle incarne le même ligne centriste et sociale que la chancelière, mais en plus conservatrice. On l’a d’ailleurs parfois surnommée Mini Merkel, ce qui a le don de l’agacer ; elle a récemment rétorqué : « J’ai 56 ans, trois enfants aujourd’hui adultes et une longue carrière derrière moi. Il n’y a rien chez moi de mini ».
Mais le vote, qui aura lieu cet après-midi à partir de 16h, peut réserver des surprises car Friedrich Merz est réputé excellent orateur et peut faire basculer une salle selon les observateurs.
Les 1 001 délégués de la CDU présents à Hambourg désigneront non seulement le nouveau chef du parti, mais le très probable chef de file de la droite allemande aux prochaines législatives et donc le possible prochain chancelier … ou prochaine chancelière.