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Allemagne : la croissance se contracte, plombée par les exportations

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Sans surprise, les guerres commerciales ont fait ralentir l’activité : le PIB baisse ainsi de 0,1% au deuxième trimestre. Le bon élève de l’Union fait ainsi moins bien que la France et même l’Italie. Une récession est possible.

Tous les indices plaidaient pour une baisse de la croissance en Allemagne. Elle se confirme. Au deuxième trimestre, le PIB de la première économie européenne s’est contracté de 0,1% sur trois mois contre +0,4% lors des trois premiers mois de l’année. En rythme annuel, elle a ralenti à 0,4% au deuxième trimestre après 0,7% au premier en données corrigées des variations saisonnières (CVS).

Les raisons de cette baisse sont connues. La demande extérieure, moteur traditionnel de l’activité, a vacillé à cause de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, le Brexit et les menaces de taxes sur l’industrie automobile agitées outre-Atlantique.

« Les exportations ont diminué plus fortement que les importations » par rapport au trimestre précédent, détaille l'Office des statistiques. De quoi également plomber la production industrielle. Sur l'ensemble du deuxième trimestre, elle a reculé de 1,8%, un mouvement qui a touché notamment la production de métaux et d'équipements industriels ainsi que l'automobile.

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« La nouvelle escalade dans le différend commercial entre les États-Unis et Chine, le risque associé de la course à la dévaluation des monnaies et la probabilité en hausse d'un Brexit frappent une croissance économique (allemande) déjà affaiblie », a commenté Achim Wambach, président du ZEW, cité dans un communiqué.

Le chiffre du PIB allemand « marque définitivement la fin d'une décennie en or pour l'économie allemande », commente Carsten Brzeski, économiste chez ING Bank, qui rappelle que depuis la fin de la récession de 2008-2009, l'économie allemande a progressé en moyenne de 0,5% en glissement trimestriel.

Fin d'une décennie en or

« Inévitablement, la discussion sur les mesures de relance budgétaire va se raviver », ajoute-t-il, bien que la chancelière allemande Angela Merkel ait d'emblée écarté mardi l'idée d'un plan de relance via de la dette.

Au final, l'Allemagne rejoint la Grande-Bretagne, dont l'économie s'est également contractée d'avril à juin (-0,2%). En zone euro, l'élève modèle de la dernière décennie fait désormais figure de boulet, faisant moins bien que l'Italie (0%) et la France (+0,2%) lors du trimestre écoulé.

Les économistes sont également pessimistes pour le troisième trimestre en cours, signifiant que l'Allemagne pourrait se retrouver dans une récession technique, en affichant deux trimestres d'affilée en recul (voir vidéo en bas d'article).

« Depuis un an maintenant, l'économie allemande ne fait que patiner », a commenté Andreas Rees, analyste d'Unicredit, qui ne voit que peu de perspectives d'amélioration en raison des multiples incertitudes pesant sur les exportations allemandes.

« Au-delà du Brexit, il y a avant tout le conflit commercial sino-américain et l'éventualité de droits de douane américain sur l'automobile européenne », explique-t-il.

Après avoir progressé de 2,2% en 2017 et 1,4% l'an dernier, le PIB allemand est anticipé en expansion seulement de 0,7 % cette année et en progression de 1,7 % l'année suivante, selon la dernière prévision du Fonds monétaire international.

Plus pessimiste encore, le gouvernement allemand anticipe depuis la mi-avril une croissance de 0,5% cette année, avant une réaccélération à +1,5% l'an prochain.

la rédaction