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Economie et Social

Allemagne: la tension monte autour des hausses de salaires

Le Syndicat IG Metall regroupe pas moins de 2,4 millions d'adhérents

Le Syndicat IG Metall regroupe pas moins de 2,4 millions d'adhérents - -

Le syndicat allemand de la métallurgie, IG Metall, menace de lancer un mouvement de grève de grande ampleur si aucun accord salarial n'est trouvé avant le 21 mai. Des voix s'élèvent en Europe pour que l'Allemagne prenne des mesures de relance.

Alors que Jean-Marc Ayrault reçoit, ce lundi 13 mai, les partenaires sociaux pour préparer la grande conférence sociale de l'été, patronat et syndicats se dirigent vers un véritable bras de fer, outre-Rhin.

Comme le rappelait le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble, dans un entretien aux Echos du 6 mai dernier, "en Allemagne, les employeurs et les syndicats décident des salaires en toute indépendance (..) Comparé avec la France, ce modèle réduit la confrontation sociale et facilite l'ajustement économique".

Ce qui n'empêche pas la tension de monter: le pays négocie actuellement les augmentations de salaires, branche par branche, pour juillet 2013. Cette semaine, le puissant syndicat de la métallurgie, IG Metall, qui regroupe pas moins de 2,4 millions d'adhérents, rencontre ainsi pour la quatrième fois le patronat afin de se mettre d'accord sur les futures hausses de salaires.

Si, d'ici le 21 mai prochain, les négociations n'aboutissent à aucun compromis satisfaisant, le numéro deux du syndicat, Detlef Wetzel, a menacé, dans un entretien à Bild, dimanche 12 mai, de lancer un mouvement de grève de grande ampleur.

Des grèves d'avertissement lancées

Pour accentuer la pression, des "warnstreik", des "grèves d'avertissement", ont eu lieu la semaine dernière, touchant des entreprises comme BMW, Siemens ou Bosch. D'autres sont encore prévus ce lundi.

Le différend entre les deux parties provient du montant des augmentations de salaires à négocier. IG Metall réclame des augmentations de 5,5% pour les 3,7 millions de salariés issus des différents secteurs couverts par le syndicat : métallurgie, automobile, électroménager, semi-conducteurs, électronique.

Une exigence irrecevable pour les employeurs qui eux n'ont proposé jusque-là qu'une hausse de 2,3% étalée sur treize mois.

Les désaccords entre patronat et syndicat sur les hausses de salaires avaient déjà mené à des grèves chez la compagnie aérienne allemande Lufthansa. La direction aurait proposé des hausses de salaires très loin des 5,2% réclamés par le syndicat des services Verdi. Au final, les deux parties ont signé, le 1er mai, un accord prévoyant entre 3 et 5,2% d'augmentation de salaires.

Montebourg exige des hausses de salaires

Ces négociations salariales sont par ailleurs âprement suivies en dehors des frontières allemandes, alors que les voisins de Berlin réclament que l'Allemagne prenne des mesures pour relancer sa demande intérieure.

Dans un entretien au Rheinische Post du 16 avril, Arnaud Montebourg avait ainsi appelé à des hausses de salaires outre-Rhin, observant que l'opposition social-démocrate prévoit des hausses de salaire dans son programme en vue des élections législatives du 22 septembre. Ces dernières verront la chancelière Angela Merkel briguer un troisième mandat.

Les salaires en Allemagne, ont augmenté en moyenne de 1% de 2007 à 2011, contre une progression de 2,7% dans l'ensemble de la zone euro.

Julien Marion