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Amazon : Bruxelles ouvre une enquête « approfondie »

Le parlement européen - Image d'illustration -

Le parlement européen - Image d'illustration - - Frédérick Florin - AFP

Le géant américain du commerce en ligne est accusé d’avoir exploité les données clients de vendeurs tiers utilisant sa plate-forme.

Bruxelles se penche à nouveau sur le cas Amazon. La Commission européenne a en effet officialisé l’ouverture d’une enquête « approfondie » contre le géant américain. Ce n’est pas une surprise, une enquête préliminaire avait été ouverte en septembre dernier.

Les commissaires à la concurrence dirigés par la redoutable Margrethe Vestager soupçonnent Amazon d'enfreindre les règles européennes de concurrence en utilisant les données issues des détaillants indépendants qui vendent sur son site.

Le géant exploiterait à son compte les données clients de vendeurs tiers utilisant sa plate-forme à travers ses 'marketplaces' afin de dégager des tendances et ainsi optimiser son business.

« J'ai décidé d'examiner très attentivement les pratiques commerciales d'Amazon et son double rôle en tant que place de marché et détaillant, afin de vérifier si l'entreprise respecte les règles de concurrence de l'UE », a expliqué la commissaire européenne, dans un communiqué.

Troisième offensive

« En fournissant une place de marché aux vendeurs indépendants, Amazon collecte en permanence des informations sur les activités exercées sur sa plateforme », explique la Commission.

« Toute la question tourne autour des données » recueillies grâce aux petits détaillants qu'Amazon héberge, avait expliqué Mme Vestager en septembre dernier, lorsqu'elle avait annoncé l'existence d'une enquête préliminaire « sur un éventuel abus de position dominante ».

D'autre part, Bruxelles va se pencher sur « le rôle des données dans la sélection des gagnants de la 'Buy Box' et l'incidence, sur cette sélection, de l'utilisation potentielle, par Amazon, d'informations sensibles du point de vue de la concurrence détenues par les vendeurs Marketplace ». La Commission européenne note que cette Buy Box apparaît de « manière bien visible » sur le site d'Amazon et qu'elle permet aux clients d'ajouter directement des articles d'un détaillant spécifique dans leur panier.

« Gagner la 'Buy Box' semble essentiel pour les vendeurs Marketplace, étant donné que la grande majorité des transactions passent par cette fonctionnalité », poursuit l'UE.

Comme d'habitude, la Commission souligne que l'ouverture d'une enquête ne préjuge pas de son issue.

8 milliards d'euros d'amendes contre Google

« Nous allons coopérer pleinement avec la Commission européenne et nous continuerons à travailler dur pour soutenir les entreprises de toutes tailles et les aider à se développer », a indiqué Amazon dans un communiqué.

Hasard du calendrier, plus tôt dans la journée, Amazon a dit être parvenu à un accord avec l'autorité allemande de la concurrence autour de la même question pour revoir les conditions de service appliquées aux vendeurs tiers qui utilisent sa plate-forme, lesquels s'étaient plaints de pratiques déloyales de la part de l'américain.

Il s’agit de la troisième offensive de Bruxelles contre le leader mondial du e-commerce. L'exécutif avait déjà contraint le Luxembourg à récupérer 250 millions d'euros auprès du géant après des accords fiscaux passés en 2003. Cette procédure est toujours en cours. Une autre affaire a concerné les e-books mais là, Amazon n'avait pas été mis à l'amende.

En mars dernier, Google avait été condamné pour abus de position dominante pour la troisième fois à 1,5 milliard d'euros d'amende. Au total, Google a été sommé de payer à l’UE 8,25 milliards d’euros.

>>A lire, Prime Day d’Amazon : comment le géant américain arrive à écraser les prix

la rédaction